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13 mai 2016

Réponse à "La confusion qui s’étale" selon L'Observatoire Des Réseaux


Commentaire à l'article "La confusion qui s'étale", toujours "en attente de modération" depuis le 30 avril 2016.

On est pas sortis de l’auberge espagnole! Ce qui serait drôle c’est qu’on n’est pas trop ambitieux pour « refonder à Gauche » [1] : « la lutte antifasciste, qui, sans sombrer dans un front uni à tout crin [On en est loin!] nécessite tout de même face à l’ennemi commun qu’on mette un peu au second plan les querelles de chapelle. » L’intention est louable mais l’objectif tout a fait irréaliste pour au moins deux raisons, l’une clanique et l’autre de philosophie politique.
1. L’Etat de délabrement de la gauche dite « radicale » est manifeste. J’ai bien peur que votre article généreux n’y change rien. Il y a un reflexe clanique qui s’est implanté dans toutes ces organisations politiques, sous le contrôle superviseur d’un régime bourgeois qui distribue prébendes et sinécures à quelques « heureux élus ». Dès lors il s’agit simplement d’être le Guru de sa petite chapelle et pouvoir jouir du pouvoir exaltant d’exclure tous ceux qui ont un peu de jugeote, ceux qui pourraient contredire les déclarations Urbi et Orbi du Petit Comité Restreint à la botte du dirigeant. On organise alors des petits coups foireux entre groupuscules pour prendre un siège ici, pour manipuler le vote d’une motion arbitraire là, pour refouler à l’entrée de la réunion d’autres zigotos qui menacent de prendre la parole et de semer l’embarras… C’est amusant et ça passe le temps. Cela c’est du clanisme interne.
Le clanisme externe, encore un grand projet en voie d’évolution, c’est de dénoncer toutes les autres sectes qui ne sont pas assez radicales « à gauche ». Ce petit jeu est lancé par des pontes, ne vous inquiétez pas l’affaire est bien organisée ! Il y a Chantal Mouffe qui, depuis sa chaire du Department of Politics and International Relations, University of Westminster, condamne « l’illusion du Consensus » et Lordon qui surenchérit en proposant l’abolition du Salariat et même du Capitalisme public… Paf! Qui dit mieux? Chacun veut faire plus marxiste que Marx et plus léniniste que Lénine. Bien pratique pour condamner ensuite, depuis cette position extrémiste et indépassable, ceux qui seraient prêts à faire quelques concessions même temporaires, qui demandent du temps, de la prudence dans les propositions et les réformes, une large table ronde de négociations. Alors vous imaginez bien que l’ambiance n’est pas prête pour une vraie convergence et pour la rédaction d’une plateforme politique. Cela ne semble pas à l’ordre du jour, même pas dans les priorités du « moment historique ».
2. Au-delà de ce clanisme (dont on ne peut que soupconner/suspecter l’intérêt qu’y trouvent ceux qui l’organise), il y a encore un point important qui ne passe jamais le cap de ces querelles de chapelles et qui reste à l’ombre. La question de philosophie politique est la suivante : Peut-on penser que les traités européens conditionnent la vie politique française, ou doit-on faire comme si il n’existaient pas et qu’ils n’auraient aucun impact sur la démocratie?
Vous même n’en parlez pas dans ce texte. Vous ne cherchez même pas discriminer ces vieux routiers politiciens qui se disent de gauche, qui ont fait voter Maastricht, qui font capoter tout le mouvement populaire depuis 2005 et qui en attendant « le grand soir » occupent de bonnes places à Bruxelles… Je dis une bétise ou pas? Lordon par exemple que vous voulez protéger manifestement de toute attaque en le prenant sous votre aile était encore récemment partisant d’un renforcement des pouvoirs du Parlement européen. Mais qui prèche activement la confusion ici? La loi El Khomri est directement issue de la politique européenne de compétitivité du travail par la réduction des « couts » salariaux et participe de la lutte anti-inflationniste de la Commission et de la BCE. Comment y être opposé sans directement mettre en cause le pouvoir supra-national de UE et les traités européens depuis celui de Rome en 1957?
Le problème principal de philosophie politique que vous avez a règler est celui de la démocratie française contre les traités européens et il faut choisir. Choisir entre cet « euro-fascisme » européen que dénonce Todd et la souveraineté nationale condition sine qua non de la démocratie. On ne vous entend pas tellement sur cette question qui, permettez-moi de le dire, éclaircirait toutes les autres et donnerait à chacun l’opportunité de choisir son camp.
Avant de crier « au loup » contre l’ennemi que tout le monde peut voir, il faudrait être assez sioux et courageux pour voir l’ennemi qui s’est déjà infiltré dans votre camp et s’en débarrasser fissa alors qu'il joue en interne la carte du clivage, en attendant que son heure pour vous écraser.

[1] Eléments de langage : Toi aussi, apprends à rédiger un manifeste pour refonder à gauche ! http://lmsi.net/Elements-de-langage

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