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02 avril 2012

Sortir de la récession : introduction et méthodologie (1)

On entend beaucoup d'avis bien renseignés sur la crise économique que nous traversons et ses conséquences. Cependant bien peu semblent s'appuyer sur une méthode d'analyse correcte et moins encore proposent des solutions réalistes pour en sortir comme s'il s'agissait d'une fatalité insurmontable dont nous serions les pitoyables victimes...


Introduction
M. Nicolas Doze, chroniqueur dilettante et pseudo-économiste sur BFMTV nous offrait un étrange éditorial cette semaine (1). Entre le 13 et le 14 mars la bourse de Paris s'est redressée de façon spectaculaire, l'indice CAC40 a progressé de plus de 1,7% et toutes les valeurs cotées étaient dans le vert (2). Il déduit donc de cette embellie boursière une proposition extraordinaire : "Nous sommes sorti de la crise !".
J'ai bien peur qu'il faille prendre une telle proposition avec des pincettes et raison garder dans cette euphorie délirante. Il faut peut être comprendre une telle annonce comme une tentative d’encourager un comportement optimiste irrationnel qui permettrait de sortir du marasme actuel. Keynes reconnaît chez les investisseurs un caractère grégaire et impulsif, “un besoin spontané d’agir plutôt que de ne rien faire” (3), mais il s’agit souvent d’une action qui ne tient pas compte des données objectives, ni d’une démarche rationnelle.
Nous le savons bien : “Notre vie quotidienne nous met en permanence en confrontation avec des faits, des indices, une réalité parcellaire et fugace qu'il s'agit d'interpréter dans la foulée alors que nous agissons dans l'urgence. [...] Ainsi notre esprit s'empare de quelques indices particuliers pour se faire une opinion générale, voir communément admise. C'est un mouvement de généralisation hâtive qui forme un discours axiomatique commun.
Or l'efficacité d'une politique est directement liée à la qualité de l'examen du réel, de sa représentation fidèle dépendront la réussite des plans d'action” (4).
Ainsi on comprend mieux que pour sortir d’une crise il ne suffit pas d’attendre et d’espérer, ni encore pousser des cris au premier signe favorable. Tout résultat attendu découle d’une action positive, c’est à dire une action corrective qui ne soit pas seulement une série de mesures destinées à amoindrir ou camoufler les effets réels mais d’avantage une initiative raisonnée qui agisse sur les causes. Ainsi les bons médecins ne se contentent pas de distribuer des antalgiques ou des anti-inflammatoires lorsqu’un os est cassé mais se soucient plutôt de réduire la fracture et d'immobiliser le membre pour permettre une bonne cicatrisation osseuse (5). Il existe une vraie différence entre un traitement étiologique ou symptomatique (6).

Pour revenir sur la chronique de M. Doze précisons que celui-ci modère son propos. Il se demande quand même ouvertement si la soudaine euphorie des cours boursiers ne serait pas liée à l’injection depuis la fin du mois de février par la BCE (7) de plus 500 milliards d’euros (8) à travers le système financier pour le renflouement des banques (9).
Cette soudaine envolée des cours, si elle n'indique pas que nous sommes “sortis de la crise”, ni que la situation économique soit meilleure révèle au moins la précarité intellectuelle, la fragilité d’une économique reposant principalement sur des initiatives paradoxales - M. Draghi prétend appliquer un programme d’austérité (10) pour contrôler l’inflation et les déficits mais dans le même temps inonde le marché financier de monnaie - provoquant des mouvements de foule autour de corbeilles virtuelles.
Plus intéressant mais plus grave ce renflouement massif par la BCE dissimulerait une véritable manipulation à double détente :
1. Il faut contraindre la Grèce à des mesures économiques et sociales d’ajustements, lui imposer des règles drastiques qui conditionneront toute aide et assistance financières. Ce qui est fait à la mode du FMI (11) et en dehors de tout principe de non-ingérence. Ensuite après avoir donné ce signal de fermeté et donné l’exemple d’une situation dramatique pour décourager toute velléité d’alternative à l’adresse des autres pays ;
2. porter secours aux Etats dans la même situation difficile (Italie, Espagne, Portugal, etc.) mais qui s’efforcent déjà d’appliquer les mesures d'austérité : ceci afin d’éviter un risque d’effondrement systémique.
Cette stratégie explique alors que l’Espagne de Mariano Rajoy ait reçu un renflouement substantiel pour financer de toute urgence sa dette publique (12), ceci en pleine contradiction avec les règles d'orthodoxie de la BCE. Une entorse flagrante qu’il a fallu camoufler sous le rideau de fumée d’un refinancement général.

Tout cela pose deux questions de fond :
1. Quelle est l’utilité réelle et les conséquence d’une politique économique basée sur l’austérité et le contrôle budgétaire ? Sommes nous toujours dans rhétorique anti-inflationniste, une politique de lutte contre l’inflation, c’est à dire un projet déflationniste visant une baisse générale des prix qui risque de déstabiliser les entreprises et accélérer le chômage et les conflits sociaux ? Une telle politique dont l’effet attendu serait d’améliorer la compétitivité-prix des productions et de rétablir l’équilibre des balances commerciales aurait un effet plus certain d'aggraver le niveau de la demande solvable et d'assécher les entrées fiscales par l'effondrement du niveau des transactions sur le marché intérieur.
2. Ensuite on se demande quelle relation rationnelle établir entre restriction budgétaire et l’ouverture du robinet du crédit bancaire ? Quel lien logique tracer entre la volonté affichée de désendettement des agents économiques, Etats, Entreprises et Ménages, donc de réduction des dépenses d’une part et d’autre part l’initiative d'inonder la zone euro par des crédits plus faciles à contracter ? Des facilitées financières dont le remboursement capital et intérêts pose déjà problème sur les anciennes créances aujourd’hui sans parler des nouvelles dans une perspective de récession globale induite par la doxa déflationniste.

Il n’y a certainement aucune réponse cohérente et réaliste à attendre puisqu’il s’agit là d’une série de contradictions logiques. Nous nous trouvons donc au coeur d’une véritable quadrature du cercle, une situation absurde créée par une suite d’injonctions paradoxales.
Il n’y à que M. Draghi comme auparavant M. Trichet qui semble sûr de lui et qui voit des “probabilités” de réussite sans pouvoir démontrer ni une quelconque pertinence des choix, ni le moindre avantage des effets.
Il semble bien que nous retrouvions ici devant le cas d’un “comportement optimiste irrationnel” comme nous le disions plus haut à propos de l'embellie boursière du 14 mars. Un comportement que Joseph Stiglitz stigmatise comme le fruit d’une “croyance irrationnelle”(13). Ce comportement impulsé par l’instinct d’animal grégaire, soutenu par une forme de faux-consensus, dissimule à peine une somme d’intérêts divergents et contradictoires. Somme toute dans ces conditions accorder confiance aux déclarations de M. Draghi reviendrait à se mettre dans la situation de ces familles américaines qui ont fait confiance au courtier qui leur vendait des prêts “subprimes” à leur propre détriment...

A contrario pour sortir de la récession il nous faut trouver une solution réaliste et cohérente au paradoxe qui conduit à cette situation de crise. Pour ce faire il est nécessaire de définir une méthodologie correcte pour identifier le problème et remonter aux causes, des plus proches aux plus distantes, qui sont à l’origine et qu’il s’agit de désigner et corriger. En gardant à l’esprit que la crise économique et financière que nous observons est un phénomène complexe. Cette crise se décline sous plusieurs aspects : il s’agit sans doute d’une récession globale, non seulement économique, mais aussi morale comme l’annonce M. Stiglitz et plus particulièrement culturelle et démocratique.

Méthodologie
Pour éclairer cette problématique nous nous appuierons sur le même outil d’analyse systémique qui permet aux bureaux d’expertise de reconnaître les risques et les cascades d’erreurs à l’origine des accidents industriels ou autres.
Cet extrait tiré d’un document récemment publié (14) servira de base pour élargir notre réflexion :
“Beaucoup d'erreurs et de situations d'impasse sont causés par ces généralisations ou ces postulats hâtifs ou mal dégrossis. Mais que dire de ces idées ou postulats « non-dits » quelque fois volontairement passés sous silence - lorsque la politique devient art de dissimulation - afin de dégager un faux consensus ? Ces axiomes « non-dits » conditionnent aussi bien, sinon mieux, la manière de gérer une situation que ceux qui sont explicités. Il devient à ce stade extrêmement périlleux de traiter un problème. La seule solution est de l'aborder directement, de chasser le non-dit par un dialogue ouvert, poser directement la question du « comment progresser » dans tel ou tel domaine , établir un plan d'action et finalement trouver une définition claire du problème à résoudre”.
Par ces quelques éléments nous pouvons tracer les premières lignes de notre démarche :
1. Ouvrir directement le débat pour décrire (a). la situation d’impasse ; (b). les généralisations abusives et les postulats non-dits en cause ;
2. Poser la question “comment progresser ?” dans quels domaines, quels moyens à mettre en œuvre ;
3. établir un plan d’action ;
4. trouver une définition claire du problème à résoudre.

Il s’agit là que d’une étape préliminaire. Cette question essentielle du “comment progresser” permet de dépasser l'obstacle d’un constat d’évidence et le poids d’une fatalité pour renouveler un effort d’analyse et envisager positivement de nouvelles perspectives. C’est un tournant essentiel mais pas encore suffisant. Car une enquête plus approfondie est nécessaire.
Une enquête approfondie utilisera une méthode rationnelle de type BEA, considérant le phénomène visible comme un incident ou d’un accident dont il s’agit de démontrer le mécanisme. Cette méthode permet alors “la collecte et l'analyse de renseignements, l'exposé des conclusions, y compris la détermination des causes et/ou des facteurs contributifs et, s'il y a lieu, l'établissement de recommandations de sécurité” (15).
Il peut sembler étonnant que l’on puisse associer une démarche réservée à l’expertise technique et industrielle pour des phénomènes de crise économique ou financière. Pourtant si l’on considère l’organisation sociale et économique comme un système rien ne nous empêche de rester cohérent avec cette définition et d’appliquer les méthodes d’expertise systémique pour résoudre des problèmes de nature systémique dans le domaine de la société humaine.
On se gardera quand même de faire l’amalgame entre science exacte et science humaine en considérant qu’il n’y a pas de déterminisme social et que l’homme n’est mais une machine, ni esclave du système social mais un être capable de se libérer de son conditionnement, de modifier son comportement et reconnaître ses erreurs.
Cette nouvelle approche nous permet de discerner qu’il existe de multiples causes déterminantes à une situation de crise. Or ces causes sont souvent liées à l’organisation humaine, à des processus conçus et mis en place antérieurement à la situation de crise et dont les effets sont directement ou indirectement liés au phénomène constaté et objet de l’enquête. Alors l’étude ouverte des causes et effets, comme pistes et hypothèses explicatives, nous permet en définitive de retrouver la structure de expérience sociale. Une crise économique, financière, etc. apparaît ainsi comme un phénomène social qui découle d’un processus global dont il faut reconnaître les étapes et discerner les relations fonctionnelles. On se retrouve devant une structure culturelle sous-jacente qui permet à la fois une adaptation aux contraintes naturelles mais aussi une valorisation des ressources suivant un cycle d’apprentissage et de retour d’expérience basé sur l’intelligence collective. A contrario l’alternative positive à l’échec ou la crise c'est le succès. A partir de cette option : la boucle de rétro-activité conforte les postulats et concepts mis en oeuvre dans le programme, renforce la légitimité des institutions et les cycles de fonctionnement. En fait pour qu’il n’y ai pas de crise du système il faudrait partir de postulats corrects et de principes basé sur la raison et non l’opinion ou un consensus basé sur des croyances irrationnelles. Ce qui démontre par l’évidence que "la crise" (ou l’échec) est bien une opportunité d’apprentissage et l’on apprend d’avantage de l’échec que du succès. A condition bien sur de ne pas se désespérer, prétexter de la fatalité et renoncer à l’analyse et la remise en cause des conceptions fautives.
Il est possible d'illustrer une telle conception par une boucle de rétro-action.
Il existe à l'origine dans chaque société un ensemble (a) de principes et de notions qui déterminent l’impulsion ou l'orientation d'un programme économique. L'application de ce programme implique la création(b) d'institutions légales qui s'organisent autour de missions spécifiques et mettent en place un ensemble de mesures. Ces mesures sont sensées créer des résultats selon (c) des cycles positifs avec effets d'accélération, de régulation des flux pour atteindre des objectifs attendus. Or a terme (d) un dysfonctionnement peut apparaître, c'est ce que l'on appelle couramment une crise. Cette situation critique est un risque qui se répercute sur l'ensemble du système et sur la société elle-même, susceptible de remettre en cause la prospérité, la survie même de la société qui l'a laissé émerger et qui l'entretient de par son organisation et son fonctionnement.
Diagramme : structure du processus d’expérimentation sociale
Une boucle de rétroactivité devient pertinente lorsque l’issue de l’expérience collective ne valide pas les postulats de départ. Deviennent nécessaires (e) une analyse critique et remise en cause des concepts, des mesures d’application, des cycles et effets qui aboutissent aux effets pervers a corriger, aux incidents et accidents à éviter. Ceci dans l'intérêt d'ajuster ces conceptions, ces mesures institutionnelles, ces cycles de fonctionnement et les erreurs au cours de l'expérience sociale à l'origine du risque systémique.
Au terme d'une démarche d'enquête et de réflexion, l’expertise systémique partant du constat de dysfonctionnement, de la situation de crise parvient à remonter les pistes et retracer le déroulement en cascade des causes et des responsabilités. Une fois éclaircie la question de l'origine de l'accident ou de la crise s'engage une deuxième phase, celle de (f) préconisations visant à la réforme du système. Ces propositions peuvent aller jusqu'à modifier les conceptions fautives, peut-être basées sur des généralisations et des postulats grossiers, des doctrines qui sont alors remises en question et améliorées pour permettre une meilleure prise en compte de l'expérience sociale et éviter de nouvelles crises.
On peut illustrer ce processus d'expérimentation sociale par l'exemple des nationalisations.
Il semble que le terme "nationalisation" se soit cristallisé dans la pensée française pour ne symboliser d’une formule archaïque et à l’efficacité contestable.
Les grandes nationalisations de 1945, voulues pour résister aux "grandes féodalités économiques", (selon les termes du Conseil National de la Résistance) ; mais aussi pour permettre aux travailleurs de s’approprier des "moyens de production", selon le discours du socialisme politique, ou simplement pour permettre "l’égalité de l’accès aux services publics" pour les juristes, sont des références culturelles profondément ancrées.
Mais on voit déjà que le sujet est délicat à traiter, puisque cette mesure de "nationalisation" est censée répondre à des discours et principes différents, voir opposés... On voit bien que partant d’un tel quiproquo, les expériences risquaient d’être mal conçues, mal conduites et finalement d’être dénoncées pour leurs inconvénients plutôt que d’être corrigées et améliorées pour leurs avantages...

Il serait intéressant de pousser la réflexion et d'appliquer cette méthodologie systémique pour étudier le phénomène de la crise économique et financière. Une enquête qui devrait aboutir à discerner les causes directes et indirectes de celle-ci et partant de là nous permettre d'envisager des solutions pour sortir de ce dysfonctionnement de l'économie. Cette étude pourrait également élargir le débat pour savoir si cette récession ne serait pas aussi bien - voir davantage - une récession de nature culturelle et démocratique.

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(1) Semaine du 12 mars 2012. On cherche toujours la vidéo qui semble avoir été censurée ici :http://www.bfmtv.com/la-chronique-de-l-eco-de-nicolas-doze/
(2) Indice CAC40. Graphique intraday - variations sur 5 jours (12/03 0,07%, 13/03 1,72%, 14/03 0,4%, 15/03 0,44%, 16/03 0,33%) http://www.easybourse.com/bourse/indice-cours/cac-40/sur-5-jours/FR0003500008-25
(3) Keynes “Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie”
(4) “Comment juger la valeur d'une politique ?” document pdf p.3http://www.scribd.com/doc/83324517/Commentjugerdelavaleurdunepolitique
(5) “Le cal osseux nécessite le plus souvent la mise en contention des articulations sus et sous-jacentes pendant toute la période de cicatrisation de l'os.” http://fr.wikipedia.org/wiki/Os
(6) “L'étiologie signifie cause : un traitement étiologique traite la cause d'un symptôme alors que le traitement symptomatique ne traite que le symptôme. Trop souvent, que la cause soit celle du médecin ou du patient, on se limite à traiter un symptôme (boutons avec une crème, fièvre avec de l'aspirine, douleur avec des antalgiques..) alors qu'il peut être le révélateur d'une vraie maladie derrière qui progresse.”http://doigt.rose.pagesperso-orange.fr/doigscien/divers/tttcause.htm
(7) Banque Centrale Européenne dirigée par Mario Draghi en remplacement de M. Trichet. Nommé en juillet 2011 à la présidence de la BCE, il prend les commandes le 1 novembre 2011. “M. Draghi est de passage chez Goldman Sachs entre 2002 et 2005, période durant laquelle la banque a aidé la Grèce à maquiller ses comptes publics et à dissimuler ses déficits. Celui qui était alors vice-président pour l’Europe nie toute implication.” http://www.francesoir.fr/actualite/economie/bce-mario-draghi-remplace-jean-claude-trichet-152394.html
“La BCE a procédé à deux opérations de refinancement à trois ans qui ont permis d’octroyer aux banques 489 milliards d’euros en décembre, puis 529,5 milliards d’euros fin février. Des opérations au « succès incontestable » que Mario Draghi a tenu à défendre, rejetant les critiques sur l'envolée du bilan de la BCE. Les marchés financiers se sont rouverts, y compris le marché interbancaire, même si pour l’heure ce n’est qu’à court terme et dans la limite des frontières nationales. « Nous avons vu beaucoup de signes d’un retour à la confiance. Nous constatons la présence des fonds monétaires, qui avaient été les premiers à partir ». Pour le banquier central, des progrès considérables ont été réalisés depuis le mois de novembre. Bref, les opérations à long terme auront eu « un effet puissant pour dissiper les risques extrêmes ».
“Mario Draghi : La BCE a fait son travail”
(8) Plan de financement du 29 février 2012 au cours duquel la BCE a distribué 529 mds € à 800 banques européennes, parmi lesquelles Santander et Bankia
“Les banques espagnoles captent la moitié des prêts de la BCE” http://www.econostrum.info/Les-banques-espagnoles-captent-la-moitie-des-prets-de-la-BCE_a9400.html
(9) “Les banques devraient emprunter E500 mds à la BCE mercredi” 27 février 2012
(10) “Mario Draghi. Donc, ce pourrait être le début d’un nouveau monde pour la Grèce où les problèmes de financement en suspens ont été réglés. Maintenant, les réformes devront être adoptées. Le gouvernement grec a pris des engagements très sérieux en termes de politique fiscale et dans le domaine des politiques structurelles. Mais il y a des risques concernant leur mise en œuvre et à cause des élections qui approchent. L’Eurogroupe a calculé des probabilités raisonnables de réussite du programme si les mesures, en particulier les mesures structurelles, sont entreprises. [...]
Existe-t-il une alternative à l’assainissement budgétaire ? Dans notre cadre institutionnel, les ratios dette/PIB étaient excessifs. Il n’y avait pas d’alternative à l’assainissement budgétaire, et nous ne devrions pas nier que c’est récessif à court terme. À l’avenir, il y aura ce que l’on appelle la voie de confiance, qui va réactiver la croissance, mais ce n’est pas quelque chose qui se produit immédiatement, et c’est pourquoi les réformes structurelles sont si importantes, parce que la contraction à court terme ne sera remplacée par une croissance durable à long terme que si ces réformes sont en place. [...]
- Quelles sont, selon vous les réformes structurelles les plus importantes ?
M.D. : En Europe ce sont d’abord les réformes des marchés des produits et des services. Et la seconde est la réforme du marché du travail qui prend des formes différentes selon les pays. Dans certains d’entre eux il faut rendre les marchés du travail plus flexibles également plus équitables que ce qu’ils ne le sont aujourd’hui. Dans ces pays, il existe un double marché du travail : très souple pour la partie jeune de la population, où les contrats de travail sont de trois mois, six mois, des contrats qui peuvent être renouvelés pendant des années. Le même marché du travail est très rigide pour la partie protégée de la population, où les salaires suivent l’ancienneté plutôt que la productivité. Dans un sens, les marchés du travail à l’heure actuelle sont injustes dans un tel contexte, car ils mettent tout le poids de la flexibilité sur la partie jeune de la population.”
(11) Les accords de la Jamaïque en janvier 1976 attribuent un rôle de surveillance au FMI qui vient appuyer les prétentions des pourvoyeurs de crédit. Avant de consentir un prêt sur la valeur d’une deuxième ou d’une troisième tranche, le FMI peut s’entendre avec le pays membre sur un programme visant à maintenir son déficit budgétaire en deçà d’un certain pourcentage de son produit intérieur brut, ou à éliminer les obstacles à l’investissement étranger. Les conditions posées par le FMI en terme d'orthodoxie financière dans la gestion de la dépense publique et le conditionnement à des mesures de désengagement de l'Etat du secteur privé paraissent systématiquement favorable aux investissements étrangers par la stabilisation de la monnaie au niveau d'une parité élevé, la diminution des prélèvements fiscaux, la vente des secteurs économiques rentables à des intérêts privés, la déréglementation tarifaire pour les marchandises importées et la libre circulation des capitaux, etc. Mais est-ce réellement les mesures nécessaires au développement économique du pays ? http://democratie-directe.blogspot.fr/2007/03/le-fmi-et-la-mondialisation-la-fin-du.html
(12) “Selon une étude communiquée par la Banque d'Espagne, les banques espagnoles ont ainsi demandé plus 152 mds € à la BCE (Banque Centrale Européenne) en février 2012, essentiellement pour financer la dette publique.
Ce qui signifie que les entités bancaires espagnoles détiennent aujourd'hui la moitié du montant total des crédits accordés par la BCE (alors que les actifs espagnols ne représentent que 14% de la zone euro). Avec à la clé les inquiétudes qui en découlent sur la capacité des banques ibériques à faire face aux échéances de remboursement des dettes.” http://www.econostrum.info/Les-banques-espagnoles-captent-la-moitie-des-prets-de-la-BCE_a9400.html
(13) Josepf E. Stiglitz “Le triomphe de la cupidité” p.441-447 Ed. Actes Sud-Babel
(14) “Comment juger la valeur d'une politique ?” document pdf p.4http://www.scribd.com/doc/83324517/Commentjugerdelavaleurdunepolitique
(15) Bureau d’enquetes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile http://www.bea.aero/index.php

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