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19 avril 2012

Le programme économique de F. Hollande est-il une escroquerie ?

A quelques heures du scrutin présidentiel du 22 avril 2012 on cherche encore en vain les données élémentaires sur le programme économique du champion des sondages.
Certaines personnes cultivent beaucoup d'espoir de changement, une alternative raisonnable pour sortir la France du marasme et des conséquences directes de la crise économique (fermeture d'usines. chômage, baisse du pouvoir d'achat, faible perspective de croissance, etc.). Mais a lire les propositions du candidat, a étudier attentivement les savants économistes qui lancent un appel de soutien, a écouter les rumeurs des salles de marchés et des salons européens... commence à se dessiner de tristes perspectives.
Ce programme économique tant vanté, où chacun peut y trouver comme le reflet de ses espérances et qui brille autant par son éclat que par ses non-dits ne pourrait être qu'une vaine illusion et finalement décevoir amèrement plusieurs millions de citoyens.

60 propositions et un rideau de fumée
En introduction de ses 60 "engagements"(1) - pris à titre personnel donc et non au titre d'un programme de gouvernement puisque dans 5ieme République française : "Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation" (2) - François Hollande brosse une sorte de tableau : "Au quotidien, la crise se fait durement sentir. Notre pays est confronté à un chômage record et s’enfonce dans la récession autant que dans l’austérité. L’industrie a été abandonnée depuis trop longtemps et nos agriculteurs n’arrivent plus à vivre de leur travail."
Il mêle ici une problématique conjoncturelle "la crise au quotidien" et une problématique structurelle... Le chômage, l'industrie abandonnée, l'agriculture sous-rémunérée "depuis trop longtemps". C'est la première confusion qui est crée. C'est grave puisque selon cette présentation le chômage par ex. peut être imputé selon les circonstances : soit au gouvernement Sarkozy, soit à des raisons plus théoriques : "faible compétitivité", "taux naturel" (3) , "faible flexibilité du marché du travail", "ralentissement de la croissance mondiale" etc. Raisons générales qui pourraient tout aussi bien servir de justifications à l'avenir et être invoquées pour masquer les échecs futurs dus à l'irrationalité et l'inefficacité des réformes entreprises.
Aurons-nous dans ce document une analyse plus poussée des causes et des circonstances de cette double crise conjoncturelle et structurelle... Les propositions pour y remédier seront-elles déduites d'un diagnostique cohérent ? Poussons plus loin notre lecture.
"À cette situation, il y a des responsables. Il y a la finance, bien sûr, qui a pris le contrôle sur l’économie, la société et même nos vies. Il y a les politiques injustes et inefficaces menées depuis dix ans. Il y a les fautes économiques et morales du quinquennat finissant."
Voilà l'analyse des causes et des responsabilités que nous recherchions, mais on peut suivre le discours plus loin en vain... Il n'y a aucune démonstration sur les théories libérales et monétaristes, aucune dénonciation de leurs dispositifs mis en place : au FMI avec les programmes d'ajustement structurel issus du consensus de Washington (4) ; ou à la BCE comme banque centrale indépendante avec pour rôle de ciblage de l'inflation. Ce sont pourtant ces dispositifs qui ont permis l'emprise de la finance mondialisée sur l'économie nationale. Et cela n'a pas pu se faire sans un corpus de doctrines aberrantes telles que "la régulation spéculative", la mise en concurrence des économies, etc. Des doctrines libérales imposants des mesures dangereuses telles la chute des barrières tarifaires, la non réciprocité des échanges et le déséquilibre des balances commerciales, la libre circulation des capitaux, la spéculation sur les devises, l’évasion fiscale. Il en résulte des besoins colossaux de financement, un endettement massif des états qui tentent de compenser leur déficit monétaire et qui laisse exsangue les économies nationales au nom de la "compétitivité" !
Cela M. Francois Hollande n'en parle pas. L'ignore t-il ? Pense t-il que les français et ses électeurs ne soient pas capables de le comprendre ? Ou bien approuve t-il intimement ce désordre ultra-libéral et cherche t-il a le faire accepter comme une fatalité ? Mystère !

Poursuivons donc notre lecture en notant toutefois que le diagnostique sur les causes financières de la crise est inexistant ; que l'impasse a été faite sur ce sujet délicat...
Alors la porte est ouverte à la critique de la politique des 10 dernières années et du régime Sarkozy qui au fond n'a pas inventé le fil à couper le beurre. Le tournant de la rigueur et l'abandon de la politique du plein emploi ? Mitterrand en 1983. La fin du contrôle des changes ? C'est Mitterrand-Beregovoy en 1991. Les privatisations et l'abandon de l'infrastructure industrielle ? Pour beaucoup Jospin et le gouvernement de "Gauche Plurielle". Le Traité de Maastricht et la politique monétariste de la BCE indépendante ? Mitterrand et Jacques Delors en 1991. Le passage à l'Euro? Fabius en 2000. Etc.
Mais si on calcule depuis 1983 ou 1991 cela fait plus de 10 ans que les bases de la crise structurelle, du chômage de masse et de l'austérité ont été installées. Cela fait plus de 20 ou 30 ans déjà ! En plus de ne pas avoir fouillé ses leçons d'économie théorique on observe de graves lacunes dans la connaissance de l'Histoire contemporaine du candidat...

Mais qu'importe Hollande s'engage : "Je veux relancer la production, l’emploi et la croissance." Nous aussi on le veut bien. Mais il ne suffit pas de décréter la création d'une Banque publique d’investissement quand la finance internationale menace de provoquer une déflagration inouïe en spéculant sur notre dette.
"Je favoriserai le développement des PME, le soutien aux filières d’avenir et la conversion écologique et énergétique de l’industrie. Je permettrai aux régions, pivots de l’animation économique, de prendre des participations dans les entreprises stratégiques..." Tout cela ce sont de belles idées mais qui ne correspondent nullement à la situation d’extrême urgence crée par le fait que les marché financiers contrôlent notre économie, selon le constat qui a été premièrement reconnu mais auquel aucune proposition ne permet de répondre, ni de prévenir. On a l'impression d'un petit garçon qui veut construire une cabane dans un arbre alors qu'il sait que l'incendie ravage la forêt et que le vent souffle vers lui !

Sur le plan de l'industrie et de l'emploi que de belles promesses !
"Je favoriserai la production et l’emploi en France en orientant les financements, les aides publiques et les allégements fiscaux vers les entreprises qui investiront sur notre territoire, qui y localiseront leurs activités et qui seront offensives à l’exportation."
Mais là aussi subsiste quelques paradoxes : 1. Pour quelle raison subventionner l'industrie alors qu'en toute hypothèse c'est à l'entreprise d'être le moteur de l'économie et de fournir des recettes fiscales à l'Etat et non l'inverse ? 2. Quid de la réglementation européenne qui interdit à l'Etat de subventionner l'entreprise au nom de la concurrence libre et non-faussée ? 3. Comment empêcher les entreprises française de subir de plein fouet la concurrence sur le marché intérieur des importations sous dumping social et fiscal ? 4. Que deviendront ces entreprises françaises qui sont abandonnées par leur dirigeants sous le prétexte d'une trop faible compétitivité due à la politique monétaire ou salariale ?

Plus loin les engagements indiquent : "Je défendrai un budget européen ambitieux pour l’avenir de l’agriculture dans sa diversité, en particulier l’élevage, dans le cadre de la révision de la politique agricole commune." et encore " Je proposerai à nos partenaires un pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance pour sortir de la crise et de la spirale d’austérité qui l’aggrave. Je renégocierai le traité européen issu de l’accord du 9 décembre 2011 en privilégiant la croissance et l’emploi, et en réorientant le rôle de la Banque centrale européenne dans cette direction."
Rien n'est moins sur que d'y parvenir et pourtant c'est bien là que repose le principe même du "changement" que propose - en son nom propre - le candidat. Le problème c'est que nulle part il n'est fait question de l'aspect constitutionnel des traités européens et des régles contraignantes qu'ils contiennent. Or pour s'opposer à cette force juridique, François Hollande se garde bien de prétendre remettre en cause les traités en vigueur et qui font force de loi. Pourtant la solution pour négocier une réforme de ces textes est toute évidente. Recourir au vote par referendum pour obtenir le soutien et la ratification obligatoire par le peuple français souverain. A mainte reprise le candidat s'y est montré fermement opposé... ce qui pose un doute évident sur sa réelle volonté de renégocier et de le faire en position de force. Ce changement invoqué dans tous les discours ne serait-il qu'un prétexte de façade ? Un slogan électoral accrocheur mais vide ? On se rappelle son approbation du TCE en 2005 et de sa campagne pour le "Oui", de ses promesses pour imposer une renégociation plus sociale et moins libérale... après la ratification. Pouvons-nous y croire une seconde alors que le candidat à si mal représenté la volonté des français et si mal défendu l'intérêt national dans cette affaire (5) ?

En réalité ce que nous pouvons tirer de ce discours c'est qu'il n'y a nulle part trace d'un projet économique construit et cohérent. Et cette impression n'est que confirmée par les économistes qui soutiennent François Hollande pour son élection et qui ont le point commun leur attachement aux thèses néo-libérales et anti-sociales.

Les thèses boiteuses des économistes libéraux pour Hollande
Des économistes ont lancé dernièrement dans les page d'un quotidien un appel en faveur de F. Hollande (6). Ils semblent offrir une caution intellectuelle voir scientifique de grande qualité. Qui hélas ne semble pas devoir résister à l'examen attentif tant leurs auteurs se sont longtemps fourvoyés dans la défense d'un libéralisme sans frontière et leur propos vides de toute objectivité et de réalisme.
Ces gens là nous les connaissons bien. Ils squattent souvent et depuis longtemps les plateaux de télévision aux heures de grande écoute.
Un rapide briefing sur cette petite clique nous donne une idée de leur milieu et de leurs intérêts :"une équipe coordonnée par Karine Berger, une économiste super-diplomée (X, ENSAE, Sciences-Po), passée par l’Insee et le ministère du Budget avant de rejoindre Heuler-Hermès. Parmi les plus actifs, Emmanuel Macron, un inspecteur des finances, ancien rapporteur de la commission Attali, aujourd'hui chez Rothschild, Manuel Flam, ENA-Essec membre du Commissariat général au développement durable, et Stéphane Bougenah, ancien conseiller de Dominique Strauss Kahn, aujourd’hui patron de Banco Santander en France" (7).

Avec aplomb ils avancent une idée : "Une réorientation de la construction européenne est urgente, au service de la croissance et des citoyens européens, avec notamment la négociation d'un nouveau Pacte de responsabilité, de croissance et de gouvernance avec nos partenaires européens."
Et toute leur science repose sur ce vague desiderata que nous savons déjà fort compromis par le refus du candidat de remettre en cause les traités existants et qui ne propose qu'une négociation annexe, d'un "volet" concernant la croissance... Encore que beaucoup de chemin ait été parcouru et que cette maigre velléité de discussion soit déjà devenue obsolète à l'heure actuelle ! Nous le verrons bientôt.
Il y a là Julia Cagé de l'université de Harvard et à l'Ecole d'économie de Paris, s'il vous plait. Elle nous a récemment pondu un article très interessant : "Pourquoi la France doit continuer à se désindustrialiser" (sans point d’interrogation, merci) dans le journal La Tribune du 5 mars 2011 (8). Ou elle explique en 767 mots : "Oui, la part de l'emploi industriel dans l'emploi total est en train de baisser. Oui, la France est en train de se désindustrialiser. Mais non, ce n'est pas grave. En fait, c'est tant mieux." Certes. "Dans la nouvelle division internationale du travail, ce ne sont plus des biens industriels que la France doit chercher à exporter, mais de l'éducation, de la santé (comme le souligne Philippe Askenazy dans son dernier livre) et des idées. Laboratoire, université, hôpital du monde. Inventer, éduquer, soigner. La France retrouvera ainsi un équilibre vertueux de sa balance commerciale et la croissance indispensable à un État providence à même de protéger les perdants de cette modernisation." Mais c'est cela, bien sûr. Il faut dire donc que la promesse de Hollande de subventionner l'industrie est inutile et que d'autres sauront mieux que nous produire les machines, véhicules, etc dont nous avons besoin... Mais peut-être le sait-il déjà et que sa promesse de subventions est impossible à tenir ?

Il y a aussi l'incontournable Elie Cohen (9), directeur de recherche au CNRS. Il a été invité dernièrement à un débat organisé par l'ambassadeur d'Allemagne entre économistes français et économistes allemands (10). "Les discussions entretenues ont amené Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, à définir ce qui constitue a priori l'espace d'une négociation possible aux yeux de l'Allemagne dans les mois à venir s'agissant de la zone euro." La suite est intéressante.
1. Une première ligne réside dans le fait que l’euro est une zone de stabilité monétaire. L’objectif essentiel de lutte contre l’inflation est ainsi primordial.
2. Un deuxième principe intangible est relatif à l’indépendance de la Banque centrale européenne. «Il n’y a aucune renégociation possible à ce sujet» affirme Elie Cohen.
3. Les pays d’Europe du Sud se doivent alors, selon ces économistes allemands, de suivre une longue cure d’amaigrissement et d’austérité. «La consolidation budgétaire précède la croissance. Elle est une condition préalable à toute réflexion et à toute mesure de stimulation de la croissance. C’est ce qui explique la centralité du Pacte budgétaire, et des réformes structurelles nécessaires pour retrouver un certain équilibre des finances, peu importe le fait que les mesures de consolidation budgétaire accentuent le risque de récession prononcée»
4. Une fois cette consolidation mise en œuvre, les économistes allemands seraient tout à fait d’accord pour envisager toutes les politiques communautaires pour élever le potentiel de croissance des pays européens dans le domaine des investissements d’avenir (enseignement supérieur, recherche, innovation…). «La BEI pourrait être mobilisée pour développer ses programmes de financement, de la transition énergétique, de financement des PME. Celle-ci devrait sans doute être recapitalisée pour avoir des moyens renforcés".
5. Cette croissance pourrait également découler d’une dérégulation des marchés de biens et de services et du marché du travail. Cette croissance pourrait aussi résulter de l’adaptation des modèles de protection sociale en matière de santé, et de retraite, qui peuvent être coûteux à court terme mais rapporter à long terme.
Pour ceux qui n'ont pas vu la politique de rigueur et d'austérité dans le programme de M. Hollande, ils ont le droit d'ouvrir les yeux maintenant. Et noter que nulle part il n'y a eu de réaction vis à vis de ces propos dans aucune tribune ni de la part du candidat, ni de la part de ses économistes attitrés...
Evidemment nous faisons une exception pour Thomas Piketty dont les intentions semblent louables mais nous lui ferons le conseil de mieux surveiller ses fréquentations. La réforme fiscale est nécessaire certainement mais outre l'effort d'équité et d'efficacité il semble bien que cette réforme n'aille pourtant pas dans le sens de l'intérêt général. La fiscalité doit etre redistributive et contribuer à la solvabilité de la demande intérieure, à soutenir les projets industriels nationaux. Mais il est évident que l'essentiel des recettes fiscales supplémentaires iront plutôt au désendettement et au service de la dette au grand plaisir des créanciers & financiers. On dit "Merci qui ?"

Conséquences directes et indirectes de l'aventure social-libérale
L'essentiel de la partie financière et économique semble devoir se jouer dès le lendemain de l’élection présidentielle du 6 mai. La plupart des ténors "socialistes" en tremblent d'avance et en parle entre-eux à voix basse. Devant l'entreprise guerrière de la finance ils commencent à se dire qu'ils sont mal préparés - tant sur le plan de la maîtrise des concepts théoriques que des projets - et qu'ils doivent déjà se préparer à faire retraite en rase campagne, comme des petits lapins.

Un nouvel outil financier mis en oeuvre ce Lundi 16 avril inquiète à Paris. "Un opérateur privé allemand, Eurex, a lancé lundi un nouveau produit financier à la Bourse de Francfort : un contrat à terme sur les obligations assimilables du Trésor (OAT) à 10 ans." (11) C'est un Credit Default Swap qui fonctionne comme une assurance et démultiplie les gains des investisseurs qui ont misé sur l'effondrement de la confiance de la finance sur les bons du Trésor français. Meme si le danger de cette introduction est peut-être limité on comprend que les investisseurs en CDS ont intérêt à la flambée des taux d'intérêt voir une crise majeure des finances de l'Etat français. Une crise qu'ils sauront encourager ou aggraver si nécessaire.

Un petit reportage qui circule sur le net montre bien le sentiment d’impunité et l'arrogance actuelle des représentants des marchés financiers. Ils se font fort de rouler Monsieur Hollande et ses 60 engagements dans la farine... Sous la forme d'une vidéo (12) ou d'une séquence audio (13) "Nicolas Doisy, chief economist au Crédit Agricole, nous fait part du plan de bataille des financiers en cas de victoire de François Hollande aux présidentielles... Et de l’angoisse en cas de montée excessive du Front de Gauche et de Jean-Luc Mélenchon..."
Il nous est ici expliqué que le volet croissance de M. Hollande n'est qu'un gadget incompatible avec l'environnement financier et que ce dernier devra pitoyablement renoncer à relancer la croissance sous peine de chaos financier. En parler ou l'écrire comme il le fait dans son programme est proprement de l'abus de confiance et de la mythomanie. Une tromperie manifeste.




Mais heureusement qu'il reste encore en France des économistes lucides ! Jacques Sapir nous explique pourquoi cela ne fait que commencer et comment il faudrait en sortir (14). "Si l'Allemagne est incontestablement prête à faire un geste en direction de la croissance, il ne sera pas à la hauteur de ce qui serait nécessaire, et l’on ne doit entretenir aucune illusion à ce sujet. Dès lors le Pacte budgétaire et le MES vont s’avérer des pièges redoutables dans lesquels les pays européens se seront d’eux-mêmes enfermés. Si l’on ne veut pas que cette crise emporte avec elle tous les acquis sociaux de ces cinquante dernières années et plonge l’Europe dans la misère et le désespoir, il ne nous reste que deux solutions : soit on peut renégocier en profondeur, et non à la marge, le Pacte budgétaire mais il convient de le faire sur la base de mesures unilatérales et en assumant le risque d’une rupture au sein des pays de la zone euro ; soit il faudra déconstruire cette dernière, et le plus vite sera le mieux.
Ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy ne sont prêts à l’une ou à l’autre de ces options. L’avenir de la France s’annonce donc fort sombre."

Car l'avenir que nous prépare le vote Hollande ce n'est rien de plus que l'austérité, une aggravation du chômage, de nouvelles faillites industrielles et commerciales, un renoncement au droit du travail, aux mécanismes de sécurité sociale et autres amortisseurs sociaux. Peut-être faut-il ajouter la menace d'une pénurie alimentaire par rupture des réseaux de distribution, avec en surplus des désordres sociaux, des révoltes légitimes mais réprimés dans le sang et la honte...
Il n'est jamais trop tard pour bien faire. C'est donc aujourd'hui qu'il faut dénoncer le programme économique de M. Hollande comme une escroquerie, songer à effacer le social-libéralisme du paysage politique et se préparer à la résistance !

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(3) Taux “naturel” du chômage ou NAIRU "Le taux de chômage naturel est un concept créé par Milton Friedman et Edmund Phelps dans les années 1960. Il correspond au taux de chômage d'équilibre, vers lequel l'économie tend sur le long terme. Selon les hypothèses du modèle les salaires tendent vers un niveau d'équilibre qui égalise offre et demande sur le marché du travail. Le chômage naturel découle alors, pour un niveau de compétence donné, du refus de travailleurs d’accepter un salaire jugé trop faible et de l'inintérêt pour les firmes de proposer un salaire trop élevé."  http://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_de_ch%C3%B4mage_naturel
Ce concept est lié avec le Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment ou NAIRU qui considère qu'un haut niveau d'activité (plein emploi) génère un haut niveau de distribution des revenus et un risque d'inflation inacceptable. Pour les économistes libéraux le chômage est donc soit “naturel” soit “utile” et ils considèrent les politiques de plein emploi comme “hérétiques”.


(4) Consensus de Washington "corpus de mesures standard appliquées aux économies en difficulté face à leur dette (notamment en Amérique latine) par les institutions financières internationales siégeant à Washington (Banque mondiale et Fonds monétaire international) et soutenues par le département du Trésor américain. Il reprend les idées présentées en 1989 sous la forme d'un article par l’économiste John Williamson soutenant dix propositions fortement inspirées de l’idéologie de l’école de Chicago. http://fr.wikipedia.org/wiki/Consensus_de_Washington


(5) Voir la position du candidat Hollande sur l'article 123 du Traité de Lisbonne.  http://www.dailymotion.com/video/xh26ks_francois-hollande-et-la-dette-publique-accablant_news


(11) Dettefrancaise, faut-il craindre une explosion de la spéculation?  http://www.lepoint.fr/economie/dette-francaise-faut-il-craindre-une-explosion-de-la-speculation-16-04-2012-1452095_28.php
« Par ailleurs, les spéculateurs n’ont pas attendu qu’Eurex créé ce contrat future pour spéculer contre la dette française. Les CDS et les achats/ventes de titres OAT sont largement suffisants pour amplifier le phénomène de crise de la dette. » http://www.francetransactions.com/actualites/info-epargne-00010959.html

14 avril 2012

Le référendum révocatoire : une fausse bonne solution ?

Je viens de parcourir une interview de J-L. Mélenchon à Ouest-France (1) et sa réponse à la question des journalistes Laurent MARCHAND et Michel URVOY me laisse perplexe.
A la question "- Qu’est-ce que vous mettez sous le terme de VIe République ? " Il répond : "-Nous convoquerons une assemblée constituante. J’ai décrit des droits nouveaux que la nouvelle Constitution devrait à tout coup contenir : le droit de revenir sur une élection avec le référendum révocatoire..."
Ce terme de "référendum révocatoire" m'a surpris. Il appartenait au lexique de LCR à l'époque Besancenot qui l'agitait à chaque occasion dans ses meetings. Une tribune sur Agoravox de juillet 2009 y fait directement allusion (2). J'y ai répondu par quelques commentaires et précisions que je tiens ici a reproduire.

L'argumentaire boiteux d'un partisan de la révocation
Un partisan du referendum révocatoire intervient pour commenter l'article d'Agoravox. Il déclare : "Les notions de Bien Commun, ou d’Intérêt Général pourraient susciter un débat à elles seules. Peut-être faudrait-il parler de l’Intérêt de Tous. Car, parfois, vouloir le bien pour tous n’aboutit qu’au mécontentement de chacun... ’’Il est préférable d’adopter un projet « imparfait » mais auquel tout le monde adhère plutôt qu’un projet « parfait » qui suscite des oppositions vives de la part de certains.’’
Voici à peu près ma réponse : La citation que vous avez choisi : ’’Il est préférable d’adopter un projet « imparfait » mais auquel tout le monde adhère plutôt qu’un projet « parfait » qui suscite des oppositions vives de la part de certains.’’ souligne la différence entre un monde idéal voir imaginaire et la realité. Cela pose une contradiction et provoque en réalité des effets négatifs
Pour vous il est legitime de révoquer quasi-automatiquement un élu sous le prétexte qu’il se doit de "représenter tout le peuple". Mais vous n’êtes pas sans ignorer que le principe de la représentation est une fiction juridique et qu’il serait abusif d’exiger d’une personne de porter l’exigence politique de tous et de chacun des électeurs. L’élu est un etre humain et porte en lui ses propres limites, ses convictions, ses certitudes, des aspirations et des ambitions qui lui sont propres, personnelles. Vouloir le jour de sa prise de fonction qu’il se transforme en un etre multiple, une synthèse parfaite des opinions et des orientations de ses électeurs serait schizophrénique... Dans la réalité l’élu est déjà un personnage complexe tiraillé entre les mots d’ordre de son parti, son idéal politique, son environnement familial et social et les émotions succitées par les rencontres humaines dans telle ou telle circonstance. Que peut-on lui demander de plus ? D’etre l'archetype de la vertu politique, le ministre d’un saint sacerdoce ? Il ne faudrait pas surestimer la nature humaine.
Je prefererai que l’on se satisfasse de choisir comme représentant ou plutot comme mandataire un honnete homme, mesuré et conciliant comme on en trouve partout plutot qu’un etre sur-humain impossible a dénicher. D’ailleurs pour représenter un ensemble de citoyens il n’est pas necessaire de chercher une perle rare qui soit le meilleur d’entre eux puisque celui-ci ne leur ressemblerait pas et se placerait plutot comme une exception nullement représentative de l’électeur ordinaire.
Ensuite vous dites que l’elu n’a pas besoin d’étre protégé. Pour moi il a besoin de cette protection ne serait-ce pour ne pas etre attaqué impunément par ses ennemis et ce d’autant plus qu’il est honnete et vertueux puisqu’il faut supposer que tout peut être tenté pour le décourager dans sa mission de servir loyalement les citoyens, pour le corrompre pour le compte d’intérêts contraires a celui du bien commun ou le faire tomber dans une machination.
En tout cas ses ennemis ne doivent pas pouvoir l’atteindre dans son intégrité en usant contre lui l’argument d’opinions ou de votes emis par lui dans une assemblée ou une commission, etc. C’est l’objet de l’article 26 de la Constitution qui dispose « qu’aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions ». Cette disposition me semble parfaitement justifiée.
Ensuite partant de l’idée que la représentation n’est pas un droit absolu et définitif. Toutes les décisions du représentant doivent pouvoir être contrôlées et corrigées par le mandant, c’est a dire le peuple qui doit rester souverain, qui doit garder la liberté, en dernier recours, de ratifier ou non les dispositions prises par son représentant. C’est la tout l’intérêt de la ratification par le peuple du texte légal, des dispositions négociées en son nom et idéalement dans l’intérêt de tous.
Et c’est là que vous confondez dans votre défense de la révocation entre l’acte legislatif débatu et voté par le représentant et le représentant lui-même. "Si donc l’élu ne fait pas ce que le peuple veut, ce dernier doit pouvoir, à tout moment, le déposer."
Vous vous trompez de cible : ce qui est ici en cause n’est pas la personne du représentant mais la loi ou disposition légale qui fera force de loi. Au lieu de remettre en cause le texte, l’objet qui fait litige vous vous en prenez à la personne elle-même.
Mais apres avoir "révoqué" cette personne pour des motifs secondaires, discutables voir confus et apres une dispute impossible à trancher sans préjugés et parti pris que faites vous du texte légal ou du traité à l’élaboration duquel elle a pris part ? L
e laissez-vous tel quel en place ?
Vous ne laissez donc pas la liberté au peuple souverain de le rejetter si il ne lui convient pas ou de le ratifier et le laisser prendre ses pleins effets légaux dans le cas contraire ?
Tout votre raisonement est boiteux et c’est en claudiquant ainsi que vous démontrez que toute la question vous dépasse. Ne voyez vous pas que les slogans que vous reprenez sans les comprendre sur la "révocation automatique" par exemple sont des idées de songe-creux sans expérience ou de manipulateurs qui rêvent de mettre les defenseurs du principe démocratique du gouvernement du peuple par lui-même en situation d’echec ?
Mais si vous etes un defenseur de l’anarchie et du désordre public poursuivez donc dans cette voie, je suis sur que vous obtiendrez de la sorte quelques petits succes dont vous aurez, apres toutes vos peines et tous vos discours aussi inutiles que oiseux, quelque satisfaction.

La question de méthode
Oui je pense que notre modele démocratique doit évoluer pour qu’effectivement le pouvoir se mette au service de l’intérêt général. Mais sur la méthode je crois que la proposition de la révocation des élus est une fausse bonne solution.

Sans vouloir entrer dans les details et traiter du statut du Chef de l’Etat ou des ministres. Je dirai pour ce qui concerne les parlementaires que la révocation n’est pas une méthode viable :
1. parce que le statut de représentant élu doit être protecteur à minima.
C’est pour cela que les membres du pouvoir Legislatif jouissent d’une double immunité parlementaire :
- "L’irresponsabilité ou immunité absolue, soustrait les parlementaires à toute poursuite pour les actes liés à l’exercice de leur mandat. Elle est établie par la Constitution dont l’article 26, dans son premier alinéa, dispose « qu’aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions »."

- "L’inviolabilité rappelle le sacrosanctus des sénateurs romains intouchables sous peine de mort, celui qui osait porter la main sur un tribun de la plèbe était déclaré sacer et voué aux dieux infernaux. Elle tend à éviter que l’exercice du mandat parlementaire ne soit entravé par certaines actions pénales visant des actes accomplis par les députés en tant que simples citoyens. Elle réglemente les conditions dans lesquelles s’exerce l’action pénale pour les actes étrangers à sa fonction.

Cette "inviolabilité" me parait superflue. Si l’immunité ne s’opposait pas aux poursuites judiciaires lorsqu’elles sont justifiées - au meme titre que les autres citoyens - cad que la police ne procede à une arrestation que sur ordre d’un procureur ayant obtenu un mandat d’un juge au vu des preuves d’une enquete réguliere ou sur flagrant délit.
Cela exclurait les interpellations gratuites sur le coup de menton d’un OPJ, les gardes à vue de 48 ou 72 heures et les mandats de dépot et la prison provisoire sans jugement préalable...
Donc ce serait mettre tous les citoyens au meme niveau et rehausserait d’un seul coup la qualité de la justice francaise.
Par contre en cas de fraude ou de corruption ET de condamnation, par les magistrats lors d’un procès en bonne et due forme, la sanction contre le représentant de l’autorité publique (relevant indifférament du pouvoir législatif, exécutif ou judiciaire) doit être aggravée. Tout comme les citoyens qui une fois condamnés ne peuvent plus occuper de fonction publique ; ces représentants doivent être démis et exclus de tous mandats publics. Seule une sanction exemplaire permettrait d’agir préventivement et curativement sur les abus, malversations et autres crimes publics de cette nature.

2. L’idée de révocation est démagogique dans le sens ou elle focalise le débat public (au meme titre que l’election présidentielle au suffrage universel) sur la personne plutot que sur les principes, le projet, les actes légaux, ou le bilan d’une action politique en elle-même.
Cela contribuerait à une confusion plus grande et une porte ouverte à tous les abus, a toutes les manipulations, a toutes les calomnies les plus détestables.
C’est peut-être cet effet de déstabilisation qui est recherché par toutes ces personnes qui réclament à cors et à cris "la révocation" : mettre partout la pagaille, empécher qu’une bonne initiative soit suivie en visant l’auteur, paralyser tout le fonctionnement de l’institution publique. C’est une idée d’anarchiste ou de comploteur.

L'enjeu réel
Or quel est l’enjeu véritablement de la souveraineté populaire ?
C’est l’expression et la formulation de l’intérêt général. L’expression par le débat utile, argumenté et constructif. La formulation par la loi. La mise en vigueur par la ratification et la publication. La mise en oeuvre par l'administration publique.

"Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi." dixit Rousseau.
La voila donc votre solution pour faire respecter la souveraineté du peuple. 

Les réformes qu'il faut exiger pour rétablir la démocratie sont celles qui permettent que le peuple :
1. dispose de droits reconnus et garantis, inscrits dans une charte des droits politiques tels le droit de constituer des assemblées délibérantes pour les affaires locales, le droit pour l'assemblée des citoyens de quitus ou de rejet des comptes publics et ensuite le droit de pétition et d'initiative législative, etc. pour toute les assemblées où les décisions sont prises sans l'expression directe de sa volonté et de son consentement quand il n'est -pour des raisons d'ordre pratique - que "représenté" ; 
2. puisse dans l'exercice de ses droits politiques mettre en oeuvre une procédure d'initiative populaire et obtenir par pétition l'organisation d'un vote au parlement ou par référendum portant sur un projet de loi ; 
3. se prononce en dernier recours sur la ratification, le rejet ou l'abrogation de tout texte législatif, constitutionnel ou d'un traité.
La mesure complémentaire éprouvée par les citoyens helvétiques est que les textes de l’exécutif (décrets, ordonnances, etc) ne sont valables que pour une année seulement. Terme au-dela duquel ils perdent tout effet si une ordonnance legislative n’est pas intervenue pour les valider. Une ordonnance législative également susceptible d’être validée ou rejetée par réferendum sur l’initiative populaire.

Peut etre que la démocratie parfaite est un rêve, c’est un rêve qui stimule et nous fait progresser, qui nous empêche d’être prisonnier du découragement, d’une société cruelle et oppressive.
On nous dira peut-être "ne rêvez pas" mais à nous répondre "nous ne rêverons (peut être) plus lorsque cessera la trahison des apparatchiks, le détournement massif des biens publics, et l’usurpation du pouvoir démocratique"
Pourquoi aucun parti prétendument démocrate ne propose d’établir le vote par référendum des lois importantes ? Ce serait si facile pour eux d’en faire une proposition dans leur programme.
Ont-ils tous - malgré leur protestation formelle et déclaration d’intention - un intérêt inavouable dans le verrouillage du système politique ? Sont-ils tous complices d’un complot financier aristocratique ? Sont-ils tous parties prenantes d’un même projet anti-démocratique sous le paravent délicat et coquet du storytelling ?

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(1) Pour Mélenchon, il y a une « majorité antilibérale » Ouest-France 14 avril 2012 http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Pour-Melenchon-il-y-a-une-majorite-antiliberale-_39382-2066206_actu.Htm#.T4kSvmEQiyc.twitter
(2) Le peuple souverain, l’auto-gouvernance... Mengneau Michel
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-peuple-souverain-l-auto-58485#forum2161016

02 avril 2012

Sortir de la récession : introduction et méthodologie (1)

On entend beaucoup d'avis bien renseignés sur la crise économique que nous traversons et ses conséquences. Cependant bien peu semblent s'appuyer sur une méthode d'analyse correcte et moins encore proposent des solutions réalistes pour en sortir comme s'il s'agissait d'une fatalité insurmontable dont nous serions les pitoyables victimes...


Introduction
M. Nicolas Doze, chroniqueur dilettante et pseudo-économiste sur BFMTV nous offrait un étrange éditorial cette semaine (1). Entre le 13 et le 14 mars la bourse de Paris s'est redressée de façon spectaculaire, l'indice CAC40 a progressé de plus de 1,7% et toutes les valeurs cotées étaient dans le vert (2). Il déduit donc de cette embellie boursière une proposition extraordinaire : "Nous sommes sorti de la crise !".
J'ai bien peur qu'il faille prendre une telle proposition avec des pincettes et raison garder dans cette euphorie délirante. Il faut peut être comprendre une telle annonce comme une tentative d’encourager un comportement optimiste irrationnel qui permettrait de sortir du marasme actuel. Keynes reconnaît chez les investisseurs un caractère grégaire et impulsif, “un besoin spontané d’agir plutôt que de ne rien faire” (3), mais il s’agit souvent d’une action qui ne tient pas compte des données objectives, ni d’une démarche rationnelle.
Nous le savons bien : “Notre vie quotidienne nous met en permanence en confrontation avec des faits, des indices, une réalité parcellaire et fugace qu'il s'agit d'interpréter dans la foulée alors que nous agissons dans l'urgence. [...] Ainsi notre esprit s'empare de quelques indices particuliers pour se faire une opinion générale, voir communément admise. C'est un mouvement de généralisation hâtive qui forme un discours axiomatique commun.
Or l'efficacité d'une politique est directement liée à la qualité de l'examen du réel, de sa représentation fidèle dépendront la réussite des plans d'action” (4).
Ainsi on comprend mieux que pour sortir d’une crise il ne suffit pas d’attendre et d’espérer, ni encore pousser des cris au premier signe favorable. Tout résultat attendu découle d’une action positive, c’est à dire une action corrective qui ne soit pas seulement une série de mesures destinées à amoindrir ou camoufler les effets réels mais d’avantage une initiative raisonnée qui agisse sur les causes. Ainsi les bons médecins ne se contentent pas de distribuer des antalgiques ou des anti-inflammatoires lorsqu’un os est cassé mais se soucient plutôt de réduire la fracture et d'immobiliser le membre pour permettre une bonne cicatrisation osseuse (5). Il existe une vraie différence entre un traitement étiologique ou symptomatique (6).

Pour revenir sur la chronique de M. Doze précisons que celui-ci modère son propos. Il se demande quand même ouvertement si la soudaine euphorie des cours boursiers ne serait pas liée à l’injection depuis la fin du mois de février par la BCE (7) de plus 500 milliards d’euros (8) à travers le système financier pour le renflouement des banques (9).
Cette soudaine envolée des cours, si elle n'indique pas que nous sommes “sortis de la crise”, ni que la situation économique soit meilleure révèle au moins la précarité intellectuelle, la fragilité d’une économique reposant principalement sur des initiatives paradoxales - M. Draghi prétend appliquer un programme d’austérité (10) pour contrôler l’inflation et les déficits mais dans le même temps inonde le marché financier de monnaie - provoquant des mouvements de foule autour de corbeilles virtuelles.
Plus intéressant mais plus grave ce renflouement massif par la BCE dissimulerait une véritable manipulation à double détente :
1. Il faut contraindre la Grèce à des mesures économiques et sociales d’ajustements, lui imposer des règles drastiques qui conditionneront toute aide et assistance financières. Ce qui est fait à la mode du FMI (11) et en dehors de tout principe de non-ingérence. Ensuite après avoir donné ce signal de fermeté et donné l’exemple d’une situation dramatique pour décourager toute velléité d’alternative à l’adresse des autres pays ;
2. porter secours aux Etats dans la même situation difficile (Italie, Espagne, Portugal, etc.) mais qui s’efforcent déjà d’appliquer les mesures d'austérité : ceci afin d’éviter un risque d’effondrement systémique.
Cette stratégie explique alors que l’Espagne de Mariano Rajoy ait reçu un renflouement substantiel pour financer de toute urgence sa dette publique (12), ceci en pleine contradiction avec les règles d'orthodoxie de la BCE. Une entorse flagrante qu’il a fallu camoufler sous le rideau de fumée d’un refinancement général.

Tout cela pose deux questions de fond :
1. Quelle est l’utilité réelle et les conséquence d’une politique économique basée sur l’austérité et le contrôle budgétaire ? Sommes nous toujours dans rhétorique anti-inflationniste, une politique de lutte contre l’inflation, c’est à dire un projet déflationniste visant une baisse générale des prix qui risque de déstabiliser les entreprises et accélérer le chômage et les conflits sociaux ? Une telle politique dont l’effet attendu serait d’améliorer la compétitivité-prix des productions et de rétablir l’équilibre des balances commerciales aurait un effet plus certain d'aggraver le niveau de la demande solvable et d'assécher les entrées fiscales par l'effondrement du niveau des transactions sur le marché intérieur.
2. Ensuite on se demande quelle relation rationnelle établir entre restriction budgétaire et l’ouverture du robinet du crédit bancaire ? Quel lien logique tracer entre la volonté affichée de désendettement des agents économiques, Etats, Entreprises et Ménages, donc de réduction des dépenses d’une part et d’autre part l’initiative d'inonder la zone euro par des crédits plus faciles à contracter ? Des facilitées financières dont le remboursement capital et intérêts pose déjà problème sur les anciennes créances aujourd’hui sans parler des nouvelles dans une perspective de récession globale induite par la doxa déflationniste.

Il n’y a certainement aucune réponse cohérente et réaliste à attendre puisqu’il s’agit là d’une série de contradictions logiques. Nous nous trouvons donc au coeur d’une véritable quadrature du cercle, une situation absurde créée par une suite d’injonctions paradoxales.
Il n’y à que M. Draghi comme auparavant M. Trichet qui semble sûr de lui et qui voit des “probabilités” de réussite sans pouvoir démontrer ni une quelconque pertinence des choix, ni le moindre avantage des effets.
Il semble bien que nous retrouvions ici devant le cas d’un “comportement optimiste irrationnel” comme nous le disions plus haut à propos de l'embellie boursière du 14 mars. Un comportement que Joseph Stiglitz stigmatise comme le fruit d’une “croyance irrationnelle”(13). Ce comportement impulsé par l’instinct d’animal grégaire, soutenu par une forme de faux-consensus, dissimule à peine une somme d’intérêts divergents et contradictoires. Somme toute dans ces conditions accorder confiance aux déclarations de M. Draghi reviendrait à se mettre dans la situation de ces familles américaines qui ont fait confiance au courtier qui leur vendait des prêts “subprimes” à leur propre détriment...

A contrario pour sortir de la récession il nous faut trouver une solution réaliste et cohérente au paradoxe qui conduit à cette situation de crise. Pour ce faire il est nécessaire de définir une méthodologie correcte pour identifier le problème et remonter aux causes, des plus proches aux plus distantes, qui sont à l’origine et qu’il s’agit de désigner et corriger. En gardant à l’esprit que la crise économique et financière que nous observons est un phénomène complexe. Cette crise se décline sous plusieurs aspects : il s’agit sans doute d’une récession globale, non seulement économique, mais aussi morale comme l’annonce M. Stiglitz et plus particulièrement culturelle et démocratique.

Méthodologie
Pour éclairer cette problématique nous nous appuierons sur le même outil d’analyse systémique qui permet aux bureaux d’expertise de reconnaître les risques et les cascades d’erreurs à l’origine des accidents industriels ou autres.
Cet extrait tiré d’un document récemment publié (14) servira de base pour élargir notre réflexion :
“Beaucoup d'erreurs et de situations d'impasse sont causés par ces généralisations ou ces postulats hâtifs ou mal dégrossis. Mais que dire de ces idées ou postulats « non-dits » quelque fois volontairement passés sous silence - lorsque la politique devient art de dissimulation - afin de dégager un faux consensus ? Ces axiomes « non-dits » conditionnent aussi bien, sinon mieux, la manière de gérer une situation que ceux qui sont explicités. Il devient à ce stade extrêmement périlleux de traiter un problème. La seule solution est de l'aborder directement, de chasser le non-dit par un dialogue ouvert, poser directement la question du « comment progresser » dans tel ou tel domaine , établir un plan d'action et finalement trouver une définition claire du problème à résoudre”.
Par ces quelques éléments nous pouvons tracer les premières lignes de notre démarche :
1. Ouvrir directement le débat pour décrire (a). la situation d’impasse ; (b). les généralisations abusives et les postulats non-dits en cause ;
2. Poser la question “comment progresser ?” dans quels domaines, quels moyens à mettre en œuvre ;
3. établir un plan d’action ;
4. trouver une définition claire du problème à résoudre.

Il s’agit là que d’une étape préliminaire. Cette question essentielle du “comment progresser” permet de dépasser l'obstacle d’un constat d’évidence et le poids d’une fatalité pour renouveler un effort d’analyse et envisager positivement de nouvelles perspectives. C’est un tournant essentiel mais pas encore suffisant. Car une enquête plus approfondie est nécessaire.
Une enquête approfondie utilisera une méthode rationnelle de type BEA, considérant le phénomène visible comme un incident ou d’un accident dont il s’agit de démontrer le mécanisme. Cette méthode permet alors “la collecte et l'analyse de renseignements, l'exposé des conclusions, y compris la détermination des causes et/ou des facteurs contributifs et, s'il y a lieu, l'établissement de recommandations de sécurité” (15).
Il peut sembler étonnant que l’on puisse associer une démarche réservée à l’expertise technique et industrielle pour des phénomènes de crise économique ou financière. Pourtant si l’on considère l’organisation sociale et économique comme un système rien ne nous empêche de rester cohérent avec cette définition et d’appliquer les méthodes d’expertise systémique pour résoudre des problèmes de nature systémique dans le domaine de la société humaine.
On se gardera quand même de faire l’amalgame entre science exacte et science humaine en considérant qu’il n’y a pas de déterminisme social et que l’homme n’est mais une machine, ni esclave du système social mais un être capable de se libérer de son conditionnement, de modifier son comportement et reconnaître ses erreurs.
Cette nouvelle approche nous permet de discerner qu’il existe de multiples causes déterminantes à une situation de crise. Or ces causes sont souvent liées à l’organisation humaine, à des processus conçus et mis en place antérieurement à la situation de crise et dont les effets sont directement ou indirectement liés au phénomène constaté et objet de l’enquête. Alors l’étude ouverte des causes et effets, comme pistes et hypothèses explicatives, nous permet en définitive de retrouver la structure de expérience sociale. Une crise économique, financière, etc. apparaît ainsi comme un phénomène social qui découle d’un processus global dont il faut reconnaître les étapes et discerner les relations fonctionnelles. On se retrouve devant une structure culturelle sous-jacente qui permet à la fois une adaptation aux contraintes naturelles mais aussi une valorisation des ressources suivant un cycle d’apprentissage et de retour d’expérience basé sur l’intelligence collective. A contrario l’alternative positive à l’échec ou la crise c'est le succès. A partir de cette option : la boucle de rétro-activité conforte les postulats et concepts mis en oeuvre dans le programme, renforce la légitimité des institutions et les cycles de fonctionnement. En fait pour qu’il n’y ai pas de crise du système il faudrait partir de postulats corrects et de principes basé sur la raison et non l’opinion ou un consensus basé sur des croyances irrationnelles. Ce qui démontre par l’évidence que "la crise" (ou l’échec) est bien une opportunité d’apprentissage et l’on apprend d’avantage de l’échec que du succès. A condition bien sur de ne pas se désespérer, prétexter de la fatalité et renoncer à l’analyse et la remise en cause des conceptions fautives.
Il est possible d'illustrer une telle conception par une boucle de rétro-action.
Il existe à l'origine dans chaque société un ensemble (a) de principes et de notions qui déterminent l’impulsion ou l'orientation d'un programme économique. L'application de ce programme implique la création(b) d'institutions légales qui s'organisent autour de missions spécifiques et mettent en place un ensemble de mesures. Ces mesures sont sensées créer des résultats selon (c) des cycles positifs avec effets d'accélération, de régulation des flux pour atteindre des objectifs attendus. Or a terme (d) un dysfonctionnement peut apparaître, c'est ce que l'on appelle couramment une crise. Cette situation critique est un risque qui se répercute sur l'ensemble du système et sur la société elle-même, susceptible de remettre en cause la prospérité, la survie même de la société qui l'a laissé émerger et qui l'entretient de par son organisation et son fonctionnement.
Diagramme : structure du processus d’expérimentation sociale
Une boucle de rétroactivité devient pertinente lorsque l’issue de l’expérience collective ne valide pas les postulats de départ. Deviennent nécessaires (e) une analyse critique et remise en cause des concepts, des mesures d’application, des cycles et effets qui aboutissent aux effets pervers a corriger, aux incidents et accidents à éviter. Ceci dans l'intérêt d'ajuster ces conceptions, ces mesures institutionnelles, ces cycles de fonctionnement et les erreurs au cours de l'expérience sociale à l'origine du risque systémique.
Au terme d'une démarche d'enquête et de réflexion, l’expertise systémique partant du constat de dysfonctionnement, de la situation de crise parvient à remonter les pistes et retracer le déroulement en cascade des causes et des responsabilités. Une fois éclaircie la question de l'origine de l'accident ou de la crise s'engage une deuxième phase, celle de (f) préconisations visant à la réforme du système. Ces propositions peuvent aller jusqu'à modifier les conceptions fautives, peut-être basées sur des généralisations et des postulats grossiers, des doctrines qui sont alors remises en question et améliorées pour permettre une meilleure prise en compte de l'expérience sociale et éviter de nouvelles crises.
On peut illustrer ce processus d'expérimentation sociale par l'exemple des nationalisations.
Il semble que le terme "nationalisation" se soit cristallisé dans la pensée française pour ne symboliser d’une formule archaïque et à l’efficacité contestable.
Les grandes nationalisations de 1945, voulues pour résister aux "grandes féodalités économiques", (selon les termes du Conseil National de la Résistance) ; mais aussi pour permettre aux travailleurs de s’approprier des "moyens de production", selon le discours du socialisme politique, ou simplement pour permettre "l’égalité de l’accès aux services publics" pour les juristes, sont des références culturelles profondément ancrées.
Mais on voit déjà que le sujet est délicat à traiter, puisque cette mesure de "nationalisation" est censée répondre à des discours et principes différents, voir opposés... On voit bien que partant d’un tel quiproquo, les expériences risquaient d’être mal conçues, mal conduites et finalement d’être dénoncées pour leurs inconvénients plutôt que d’être corrigées et améliorées pour leurs avantages...

Il serait intéressant de pousser la réflexion et d'appliquer cette méthodologie systémique pour étudier le phénomène de la crise économique et financière. Une enquête qui devrait aboutir à discerner les causes directes et indirectes de celle-ci et partant de là nous permettre d'envisager des solutions pour sortir de ce dysfonctionnement de l'économie. Cette étude pourrait également élargir le débat pour savoir si cette récession ne serait pas aussi bien - voir davantage - une récession de nature culturelle et démocratique.

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(1) Semaine du 12 mars 2012. On cherche toujours la vidéo qui semble avoir été censurée ici :http://www.bfmtv.com/la-chronique-de-l-eco-de-nicolas-doze/
(2) Indice CAC40. Graphique intraday - variations sur 5 jours (12/03 0,07%, 13/03 1,72%, 14/03 0,4%, 15/03 0,44%, 16/03 0,33%) http://www.easybourse.com/bourse/indice-cours/cac-40/sur-5-jours/FR0003500008-25
(3) Keynes “Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie”
(4) “Comment juger la valeur d'une politique ?” document pdf p.3http://www.scribd.com/doc/83324517/Commentjugerdelavaleurdunepolitique
(5) “Le cal osseux nécessite le plus souvent la mise en contention des articulations sus et sous-jacentes pendant toute la période de cicatrisation de l'os.” http://fr.wikipedia.org/wiki/Os
(6) “L'étiologie signifie cause : un traitement étiologique traite la cause d'un symptôme alors que le traitement symptomatique ne traite que le symptôme. Trop souvent, que la cause soit celle du médecin ou du patient, on se limite à traiter un symptôme (boutons avec une crème, fièvre avec de l'aspirine, douleur avec des antalgiques..) alors qu'il peut être le révélateur d'une vraie maladie derrière qui progresse.”http://doigt.rose.pagesperso-orange.fr/doigscien/divers/tttcause.htm
(7) Banque Centrale Européenne dirigée par Mario Draghi en remplacement de M. Trichet. Nommé en juillet 2011 à la présidence de la BCE, il prend les commandes le 1 novembre 2011. “M. Draghi est de passage chez Goldman Sachs entre 2002 et 2005, période durant laquelle la banque a aidé la Grèce à maquiller ses comptes publics et à dissimuler ses déficits. Celui qui était alors vice-président pour l’Europe nie toute implication.” http://www.francesoir.fr/actualite/economie/bce-mario-draghi-remplace-jean-claude-trichet-152394.html
“La BCE a procédé à deux opérations de refinancement à trois ans qui ont permis d’octroyer aux banques 489 milliards d’euros en décembre, puis 529,5 milliards d’euros fin février. Des opérations au « succès incontestable » que Mario Draghi a tenu à défendre, rejetant les critiques sur l'envolée du bilan de la BCE. Les marchés financiers se sont rouverts, y compris le marché interbancaire, même si pour l’heure ce n’est qu’à court terme et dans la limite des frontières nationales. « Nous avons vu beaucoup de signes d’un retour à la confiance. Nous constatons la présence des fonds monétaires, qui avaient été les premiers à partir ». Pour le banquier central, des progrès considérables ont été réalisés depuis le mois de novembre. Bref, les opérations à long terme auront eu « un effet puissant pour dissiper les risques extrêmes ».
“Mario Draghi : La BCE a fait son travail”
(8) Plan de financement du 29 février 2012 au cours duquel la BCE a distribué 529 mds € à 800 banques européennes, parmi lesquelles Santander et Bankia
“Les banques espagnoles captent la moitié des prêts de la BCE” http://www.econostrum.info/Les-banques-espagnoles-captent-la-moitie-des-prets-de-la-BCE_a9400.html
(9) “Les banques devraient emprunter E500 mds à la BCE mercredi” 27 février 2012
(10) “Mario Draghi. Donc, ce pourrait être le début d’un nouveau monde pour la Grèce où les problèmes de financement en suspens ont été réglés. Maintenant, les réformes devront être adoptées. Le gouvernement grec a pris des engagements très sérieux en termes de politique fiscale et dans le domaine des politiques structurelles. Mais il y a des risques concernant leur mise en œuvre et à cause des élections qui approchent. L’Eurogroupe a calculé des probabilités raisonnables de réussite du programme si les mesures, en particulier les mesures structurelles, sont entreprises. [...]
Existe-t-il une alternative à l’assainissement budgétaire ? Dans notre cadre institutionnel, les ratios dette/PIB étaient excessifs. Il n’y avait pas d’alternative à l’assainissement budgétaire, et nous ne devrions pas nier que c’est récessif à court terme. À l’avenir, il y aura ce que l’on appelle la voie de confiance, qui va réactiver la croissance, mais ce n’est pas quelque chose qui se produit immédiatement, et c’est pourquoi les réformes structurelles sont si importantes, parce que la contraction à court terme ne sera remplacée par une croissance durable à long terme que si ces réformes sont en place. [...]
- Quelles sont, selon vous les réformes structurelles les plus importantes ?
M.D. : En Europe ce sont d’abord les réformes des marchés des produits et des services. Et la seconde est la réforme du marché du travail qui prend des formes différentes selon les pays. Dans certains d’entre eux il faut rendre les marchés du travail plus flexibles également plus équitables que ce qu’ils ne le sont aujourd’hui. Dans ces pays, il existe un double marché du travail : très souple pour la partie jeune de la population, où les contrats de travail sont de trois mois, six mois, des contrats qui peuvent être renouvelés pendant des années. Le même marché du travail est très rigide pour la partie protégée de la population, où les salaires suivent l’ancienneté plutôt que la productivité. Dans un sens, les marchés du travail à l’heure actuelle sont injustes dans un tel contexte, car ils mettent tout le poids de la flexibilité sur la partie jeune de la population.”
(11) Les accords de la Jamaïque en janvier 1976 attribuent un rôle de surveillance au FMI qui vient appuyer les prétentions des pourvoyeurs de crédit. Avant de consentir un prêt sur la valeur d’une deuxième ou d’une troisième tranche, le FMI peut s’entendre avec le pays membre sur un programme visant à maintenir son déficit budgétaire en deçà d’un certain pourcentage de son produit intérieur brut, ou à éliminer les obstacles à l’investissement étranger. Les conditions posées par le FMI en terme d'orthodoxie financière dans la gestion de la dépense publique et le conditionnement à des mesures de désengagement de l'Etat du secteur privé paraissent systématiquement favorable aux investissements étrangers par la stabilisation de la monnaie au niveau d'une parité élevé, la diminution des prélèvements fiscaux, la vente des secteurs économiques rentables à des intérêts privés, la déréglementation tarifaire pour les marchandises importées et la libre circulation des capitaux, etc. Mais est-ce réellement les mesures nécessaires au développement économique du pays ? http://democratie-directe.blogspot.fr/2007/03/le-fmi-et-la-mondialisation-la-fin-du.html
(12) “Selon une étude communiquée par la Banque d'Espagne, les banques espagnoles ont ainsi demandé plus 152 mds € à la BCE (Banque Centrale Européenne) en février 2012, essentiellement pour financer la dette publique.
Ce qui signifie que les entités bancaires espagnoles détiennent aujourd'hui la moitié du montant total des crédits accordés par la BCE (alors que les actifs espagnols ne représentent que 14% de la zone euro). Avec à la clé les inquiétudes qui en découlent sur la capacité des banques ibériques à faire face aux échéances de remboursement des dettes.” http://www.econostrum.info/Les-banques-espagnoles-captent-la-moitie-des-prets-de-la-BCE_a9400.html
(13) Josepf E. Stiglitz “Le triomphe de la cupidité” p.441-447 Ed. Actes Sud-Babel
(14) “Comment juger la valeur d'une politique ?” document pdf p.4http://www.scribd.com/doc/83324517/Commentjugerdelavaleurdunepolitique
(15) Bureau d’enquetes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile http://www.bea.aero/index.php