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16 novembre 2010

Comment juger de la valeur d'une politique ?

Depuis quelque temps l'idée d'évaluer l'action politique se pose. On est déjà passé par un épisode sur « la culture du résultat » sans voir ni beaucoup de culture et encore moins de résultat. Et par chaque article et discussion sur nos forums ou nos blogs (1) revient, par le biais des critiques des programmes politiques mis en place, l'idée qu'il faut bien arriver à établir une méthode d'analyse, un jugement de valeur sur l'efficacité et l'impact des politiques publiques. 
En guise de préambule... 
Nous le savons bien : la critique est aisée, l'art est difficile. 
N'est-il pas difficile d'établir un consensus sur tel sujet, sur telle solution à apporter. 
De quelle virtuosité du langage et de quelle finesse de psychologie il faut faire preuve pour convaincre une majorité, obtenir l'adhésion et engager tous à coopérer sur un projet (au moins persuader sinon interdire aux plus rétifs de le paralyser) !
Mais très vite il s'agit de gérer ce projet jour après jour et jusqu'à son terme, rassembler les moyens humains, matériels et financiers et les mettre en oeuvre de façon coordonnée, intelligente ou pratique. 
Ensuite faire face aux critiques parfois gratuites ou mal intentionnées, communiquer enthousiasme et persévérance dans l'effort et voir poindre les signes précurseurs de la réussite lorsque tout le monde se décourage déjà et que le pessimisme gagne. 
Oui, il est plus difficile d'agir que de ne rien faire par crainte de se tromper. Mais cela dit, doit-on toujours se tromper ou bien est-il possible d'envisager un projet politique qui soit positif et plein de succès ? 
Sommes-nous capables d'observer les problèmes, de distinguer les besoins, les ressources disponibles et nous adapter à une situation donnée pour agir efficacement en limitant les conséquences négatives? 
Sommes-nous capables de faire mieux que d'apporter une solution simpliste à des problèmes complexes, ou de nous perdre en conjectures, spéculations et faux-débats pendant que les vrais problèmes restent et grossissent naturellement à l'endroit où ils sont? 
Cette question est celle sur l'intelligence collective et d'un processus d'apprentissage commun. 
Par exemple on nous rebat les oreilles pour nous dire que l'éducation doit se rapprocher de l'entreprise. Cette dernière offre des carrières et des débouchés mais ne tient pas vraiment à s'occuper en interne d'une formation professionnelle considérée comme un investissement coûteux. La société et les ministères de l'éducation et de la formation sont instamment sommés de s'adapter à cette demande... Mais à quel moment fera t'on le constat sur l'efficacité et la cohérence de cette réorientation? Pour quel bilan global ? Serait-ce pour continuer d'alimenter le déficit commercial et budgétaire, la course vers la compétitivité et la productivité qui débouche trop souvent vers un haut niveau de chômage, l'inadaptation de la formation au regard des postes à occuper ? Et finalement concentrer sur la demande urgente de l'entreprise, des moyens, des personnels qu'elle ferait mieux de mobiliser d'elle-même, et qui affectés ailleurs auraient permis de développer un autre projet éducatif ou scientifique avec un meilleur bilan global ?...
Autre exemple. En octobre 2010 le prix de la banque de Suède ou autrement dit « le prix Nobel d’économie » vient d’être décerné à des "chercheurs" anglo-saxons. Ces "chercheurs" ont trouvé que la durée d’indemnisation du chômage était corrélée au taux de chômage... Pourtant, corrélation n’est pas causalité. Ainsi, ce n’est pas parce que le nombre de médecins est corrélé au nombre de malades, dans un hôpital que ce sont les médecins qui causent les maladies (2)... De plus le respect des droits des travailleurs ne peut pas entrer en ligne de discussion selon les intérêts économiques de ceux qui font du chômage un moyen de chantage pour faire renoncer à un salaire convenable et une vie décente (voir le postulat d'un « taux naturel de chômage » dans la théorie monétariste). En bref l'étude conclut sur ce postulat non-dit : "Plus les gens vivent dans la misère (sans allocation de chomage), plus il est facile de les exploiter (les employer à bas coûts)". Je ne suis pas sûr que ce genre de constatation mérite 3 (trois) « prix Nobel d'économie ». Pas sûr non plus que la démonstration réciproque "Plus il est facile de les exploiter, plus les gens vivent dans la misère" obtienne les suffrages de cette noble académie...
Ignore t-on vraiment (ou est-ce seulement une feinte?) que réduire les droits politiques et sociaux c'est acculer à la misère et qu'il existe un lien étroit et direct  entre droits de l'homme et du citoyen, partage des richesses (redistribution fiscale et circulation monétaire) et prospérité commune ? 
Tout ceci nous pousse à la conclusion qu'il nous faut de meilleurs instruments d'analyse, une nouvelle approche dans la gestion de la complexité. Il s'agit aussi de questionner notre aptitude à l'évolution culturelle, c'est à dire interroger la capacité de notre société à évoluer collectivement dans la bonne direction. 
De l'observation à la généralisation. 
Notre vie quotidienne nous met en permanence en confrontation avec des faits, des indices, une réalité parcellaire et fugace qu'il s'agit d'interpréter dans la foulée alors que nous agissons dans l'urgence. 
C'est la vie, ce n'est pas le paradis, ni le monde des idées pures et éternelles des philosophes. 
Ainsi notre esprit s'empare de quelques indices particuliers pour se faire une opinion générale, voir communément admise. C'est un mouvement de généralisation hâtive qui forme un discours axiomatique commun.
Or l'efficacité d'une politique est directement liée à la qualité de l'examen du réel, de sa représentation fidèle dépendront la réussite des plans d'action. 
C'est pour cette raison que l'on envoyait des espions géographes dans les contrées lointaines, qui avec un thermomètre et une casserole, avec une boussole et en comptant les pas, pouvaient dessiner la carte de vastes régions inconnues des États-majors. 
Aujourd'hui nul besoin d'arpenter des contrées sauvages. Mais une question reste actuelle : Quelle représentation nous faisons-nous de la manière dont le monde fonctionne ?
Ainsi plutôt de se contenter de quelques généralités et quelques déductions axiomatique incertaine, d'un jugement commun qui nous tiendrait lieu de savoir universel ; ne faut-il pas toujours aiguiser notre sens de l'observation, renouveler notre critique d'un discours axiomatique communément admis ? 
C'est une telle leçon de logique qu'imposera l'affaire Dreyfus, dans une lutte farouche entre les institutions établies, incontestables : l'Armée française, la Justice républicaine, et la libre conscience de personnalités qui refuseront le mensonge des idées toutes faites et la tyrannie d'une injustice hurlante et tout cela mélangé de haine raciale. Soupe infecte de préjugés et de mauvaise foi !
De la critique à l'intelligence collective. 
Nous savons déjà que de la qualité de l'examen dépend la représentation du réel et l'efficacité de l'action politique. 
Ainsi pour avoir une représentation correcte, il est nécessaire de garder le réflexe de revenir constamment aux sources de nos informations. Mais pas seulement !
S'il se révèle qu'une généralisation est abusive, qu'une idée fausse conduise à une impasse. N'est-il pas honnête de le reconnaître, n'est-il pas utile de faire son auto-critique et redoubler de vigilance et d'esprit d'examen ? 
La critique est aisée, l'auto-critique est difficile. Reconnaître une erreur est une épreuve difficile pour le commun des mortels, c'est perdre la face ou faire l'aveu de sa faiblesse ce qui est mystérieusement insupportable pour la majorité d'entre nous. Et combien d'avantage encore devront supporter les conséquences des erreurs d'autrui jamais reconnues et laissées en état de nuire encore et toujours ? 
Beaucoup d'erreurs et de situations d'impasse sont causés par ces généralisations ou ces postulats hâtifs ou mal-dégrossis. Mais que dire de ces idées ou postulats « non-dits » quelque fois volontairement passés sous silence (lorsque la politique devient art de dissimulation) afin de dégager un faux-consensus ? Ces axiomes « non-dits » conditionnent aussi bien (sinon mieux) la manière de gérer une situation que ceux qui sont explicités. Il devient à ce stade extrêmement périlleux de traiter un problème. La seule solution est de l'aborder directement, de chasser le non-dit par un dialogue ouvert, poser directement la question du « comment progresser » dans tel ou tel domaine , établir un plan d'action et finalement trouver une définition claire du problème à résoudre. (3) 
Il n'y a pas de solution miracle et aucun raisonnement, discours ou acte politique ne doit rester sans examen. C'est à ces conditions, d'une acuité d'observation, d'une formulation précise, d'une étude des avantages et des inconvénients, que des solutions effectives seront trouvées. Cela passe par un apprentissage en commun. C'est par l'élaboration progressive de nos propres postulats, de notre propre méthodologie d'évaluation que nous parviendrons à mettre en oeuvre, par ce processus d'intelligence collective, une politique valable et responsable. 
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(1) Xavier Malakine "Comment juger d'une bonne politique?" 
http://www.forumdesforums.com/modules/news/article.php?storyid=46466 
(2) Prétendu prix nobel d’économie 2010 
http://groups.google.com/group/fr.soc.economie/browse_frm/thread/a686... 
(3) voir Peter Senge "la 5ieme discipline" (Essai pratique d'analyse systémique).

04 octobre 2010

Sarkozy veut continuer à améliorer la compétitivité de la France

En visite au Salon de l'automobile, ce vendredi 1 octobre 2010 le chef de l'Etat a vanté l'action de l'Etat en faveur du secteur.
Avec la suppression de la taxe professionnelle, le crédit impôt recherche et l'augmentation de la contribution de l'Etat au chômage partiel, c'est près d'un milliard d'euros de plus dont bénéficie selon lui l'industrie automobile française chaque année. "Il ne faut pas s'étonner après que je vous demande où sont construites les automobiles", a-t-il dit en s'adressant au cours d'une table ronde aux PDG de Renault et PSA, Carlos Ghosn et Philippe Varin."Tout ce qu'on fait, c'est pas simplement pour que vous créiez des usines à l'autre bout du monde !, a-t-il déclaré"(*)

Avec ce terme de "compétitivité" on se retrouve au coeur du discours libéral qui fait de la France, une "entreprise", une plate-forme exportatrice de ses produits dans un marché international concurrentiel. 
On ne s'étonne plus que M. Sarkozy chef de l'Etat prenne la parole en lieu et place de son ministre de l'Economie et des finances ou de celui de l'Industrie. Cela nous est coutumier de la confusion des rôles qui règne dans le pays. Mais ce qui nous inquiète c'est la pertinence du discours et le crédit qu'il faut prêter à ces propos. 
En effet lorsqu'on entend le chef de l'Etat promettre aux industriels que "le gouvernement poursuivrait ses efforts pour améliorer l'environnement compétitif de l'économie", il le fait aussi en rappelant les aides publiques accordées aux constructeurs (prime à la casse) (1) et "la suppression de la taxe professionnelle, le crédit impôt recherche et l'augmentation de la contribution de l'Etat au chômage partiel, c'est près d'un milliard d'euros de plus dont bénéficie selon lui l'industrie automobile française chaque année." On commence déjà à douter de la rationalité cout/avantages de ce programme. Elle ne semble pas avoir été étudiée sérieusement et semble douteuse en l'absence de tout rapport chiffré sur le projet. On est ici dans l'improvisation complète. 
Mais ce serait presque rien si la logique de ce discours sur la compétitivité était valide et légitime. Or ce n'est pas le cas. C'est ce qui apparaît lorsqu'il ajoute qu'il faut s'assurer que "le coût du travail ne dérive pas" par rapport aux autres pays européens, "notamment nos voisins allemands". A l'instant même ou revient cette rengaine sur l'exemple allemand on se doute bien que le discours sur la compétitivité elle-même est une véritable supercherie. (2) 
Revenons un instant sur le concept lui-même avant de découvrir dans cette logique de la compétitivité un pseudo rationalisme. Et cette logique boiteuse n'est pas innocente, par le rapport trouble qu'elle entretient avec la politique monétaire, douanière, fiscale, etc. elle apporte l'évidence d'une collusion entre milieux commerciaux et financiers avec le pouvoir politique; une confusion des genres qui avantage quelques-uns au détriment de l'intérêt du pays et alimente la situation de crise économique internationale. Drole de message pour la présidence du G20 ! 

Compétitivité : élements de définition 
Processus multi-factoriel, la compétitivité est la capacité d'une entreprise, d'une industrie ou d'un pays à accroître ses parts de marchés aussi bien sur le plan national que sur le plan étranger. Elle désigne la capacité d'une telle entité à fournir et vendre durablement un ou plusieurs biens ou services marchands sur un marché donné en situation de concurrence. La compétitivité de la production d'une entreprise ou d'un territoire se mesure par la différence de prix de revient relativement à la concurrence extérieure (territoires ou entreprises). (3) 
Plusieurs facteurs jouent dans ce processus tels que : 
- le coût de production : coût du capital (c'est-à-dire taux d'intérêt et rendement attendu par le marché boursier) et coût du travail (salaire main-d'œuvre) ; 
- la productivité : bonne organisation, main-d'œuvre qualifiée,etc. ; 
- l'imposition locale et nationale, et les contraintes administratives (protection de l'environnement par exemple) ; 
- la présence d'infrastructures (routes, réseaux, etc.) ; 
- les externalités positives, liées à la présence de fournisseurs, d'un réseau dense artisanat et PME ; 
- la disponibilité de main-d'œuvre (éducation, formation,etc.) ; 
- les coûts de transport jusqu'à la zone de consommation ; 
- la qualité et gamme de la production et la capacité d'innovation technique et commerciale ; 
- le taux de change par rapport à des producteurs extérieurs (lorsque la monnaie domestique est sous-évaluée, la compétitivité est améliorée). 
Pour synthétiser ces différentes facteurs, on parle par catégorie soit de compétitivité-prix soit de compétitivité-structurelle (hors- prix). La compétitivité prix est plutôt de l'ordre du court terme alors que la compétitivité hors-prix est de l'ordre du long terme. (4) 
Alors que la compétitivité-structurelle est la capacité à imposer ses produits indépendamment de leur prix ( innovation, services, gamme, qualité, etc.), la compétitivité-prix repose principalement sur trois facteurs :
- le comportement de marge des entreprises. Il existe un comportement de marge des entreprises dans la mesure où elle définit le prix en tenant compte d'un pourcentage de bénéfice (ou de marge). Si l'entreprise a ses coûts de production qui augmentent, elle va réduire sa marge de telle façon que la compétitivité prix soit préservée (comportement de marge) ;
- le taux de change. Une monnaie s'apprécie si le taux de change augmente et inversement se déprécie si le taux de change baisse. Cela tient aux mécanismes du marché des changes en système de changes flottants. Si une monnaie s'apprécie dans un pays, les exportations seront moins compétitives. A l'inverse, la dépréciation ou dévaluation d'une monnaie protège un pays (forme déguisée de protectionnisme). La dévaluation n'a de sens qu'en système de changes fixes. Il s'agit d'une mesure de politique économique ;
- les coûts de production. Ceux-ci sont relatifs en fonction des coûts salariaux, des prix des consommations intermédiaires, de la productivité du travail, des économies d'échelle. (5)
Ce qu'il y a d'intéressant c'est que parallèlement à la politique des taux de change (fixes ou flottants), on classe aussi parmi les facteurs de compétitivité (structurelle) : la politique monétaire ! On verra que cela a de l'importance. 

Compétitivité et économie de comptoirs 
Le souci de trouver des marchandises à bon marché n'a jamais pris autant d'acuité que depuis le commerce de comptoirs ou l'économie de traite du 17° siècle qui  consistait à «rassembler et à drainer vers les ports les produits du pays qui étaient exportés bruts, et à répartir en échange les produits fabriqués ». (6) 
Toute l'économie marchande et libérale est organisée autour de ce brillant modèle. L'organisation du commerce international est conçue de façon à dégager un surplus et permettre l'accumulation de capitaux par une confrérie oligarchique. Ce drainage des ressources et gains en or et devises a été envisagé d'un bon oeil par l'autorité publique qui a pu mesurer des entrées fiscales supplémentaires et une élévation du niveau de vie des populations en métropole. 
A l'interdiction stricte des importations et du commerce par des mesures douanières par exemple, dans le cadre d'une politique mercantiliste, s'est substituée l'idée fallacieuse que la richesse des nations dépendait de son commerce. 
Au milieu de l'euphorie générale David Hume émet une légère objection : "Selon Hume, si un pays accroît sa possession d’or grâce au commerce extérieur, alors la circulation monétaire sur son territoire sera accrue et provoquera une envolée des prix et donc une baisse de sa compétitivité commerciale. Cette dernière incidence aura pour effet de transformer l’excédent commercial en déficit, et Hume de conclure qu’à terme les balances commerciales ne peuvent que s’annuler." (7) 
Mais peu importe ! L'objection ne sera reprise que pour justifier un libéralisme absolu puisque sans contrôle tatillon de l'autorité publique, sans souci déclaré de l'équilibre de la balance commerciale ou de la réciprocité d'échange des devises ; le commerce trouve son équilibre de façon naturelle et profitable pour tous. 
D'autant plus que Ricardo prétend compléter "la théorie sur la Richesse des nations" de J. Smith en démontrant un avantage non plus « relatif » mais « absolu » en faveur du libre-échange. La question qui se posait était : « Qu’arrivera-t-il à la nation qui, s’engageant sur la voie du libre-échange, ne dispose d’aucun « avantage absolu » ? En des termes simples, que produira-t-elle si les nations avec lesquelles elle commerce produisent tout avec plus de facilité qu’elle ne le fait ? Ne risque-t-elle pas de voir toute son industrie disparaître ? »
L’objet de la théorie de Ricardo, exposée dans « Des principes de l'économie politique et de l'impôt », est de répondre à cette question en affirmant que même la nation la plus désavantagée accroîtra sa richesse, si elle opte pour le libre-échange." (8)
Forte de ces quelques balbutiements la théorie libérale s'est emballée dans une course vers l'absurde.

Compétitivité : la faillite d'une illusion 
Bien sûr plus une nation s'enrichit par l'industrie et le commerce, plus alors "la circulation monétaire sur son territoire sera accrue et provoquera une envolée des prix et donc une baisse de sa compétitivité commerciale." 
Ce qu'il faut pour maintenir et contrôler l'inflation des prix et donc des coûts de production, c'est faire quelque chose qui soit contraire à la théorie du "laisser faire, laisser passer". Il faut réduire la circulation monétaire ! Même si le pays est riche, il faut qu'il paraisse pauvre, il ne faut pas que l'argent circule, il ne faut pas qu'il soit ni ponctionné par la fiscalité publique, ni redistribué par les subventions ou des salaires vers le public. 
C'est la politique de désinflation compétitive qui est mise en place en France à partir de 1983. 
Il s'agit alors de "lutter contre l'inflation" qui ne nuit nullement en elle-même au marché intérieur, ni même au commerce lorsque la monnaie est faible et les produits nationaux sont "bons marchés" à l'extérieur. Mais cette inflation constante des prix déstabilise la situation des financiers qui voient la valeur de leurs capitaux fondre année après année comme neige au soleil, les poussant à investir dans l'appareil productif sans pouvoir s'appuyer sur des rentes sécurisées. Il faut alors pour ces gens une politique monétaire favorisant une "monnaie forte". Monnaie forte qui pèsera lourdement sur les comptes publics, puisque la revalorisation de la monnaie exigera de "jeter par la fenêtre" devises et autres réserves de change "pour acheter du Franc sur le marché des devises". (Politique d'appauvrissement de la France aveuglement poursuivie par Balladur et Sarkozy comme ministre du Budget entre 1993 et 1995).
Le prétexte de cette politique monétaire de gribouille sera de permettre « l'assainissement des comptes », « d'éviter la surchauffe de l'économie » et de mettre dans l'obligation les entreprises à restaurer une compétitivité structurelle. Ce qu'elles feront en se délestant à la fois de leurs employés et de leur unité de production vieillottes ou délocalisables... Bref forcer les entreprises à verser moins de salaires en France tout simplement. 
Ainsi pour lutter contre l'inflation et la dévaluation, il a fallu mettre en place une politique de rigueur budgétaire et salariale, pour une monnaie rare mais forte.
C'est l'élément important pour restaurer la compétitivité-hors prix et pousser la  recherche de compétitivité structurelle de l'entreprise (restructuration, innovation et délocalisation). Certes, cette politique de "rigueur" a eu un effet positif sur la compétitivité structurelle des entreprises. Mais c'est ce qui nous a conduit au chômage de masse et à une déflation générale. 
Effectivement la politique de désinflation compétitive mise en place en France à partir de 1983 a eu un effet positif sur la compétitivité des entreprises. La balance commerciale est excédentaire sur la période mais le chômage a considérablement augmenté. Cependant, (par coïncidence?) depuis la mise en place par M. Chirac des "poles de compétitivité" et de Mme C. Lagarde comme déléguée au commerce exterieur : c'est l'effet inverse qui se produit; la balance commerciale est fortement déficitaire (jusqu'à -5 Mds d'euro pour le seul mois de juillet 2010).  En fait depuis 2005 cette politique est inopérante sur la balance commerciale.
C'est sur ce constat d'échec absurde que s'appuie le débat sur la mondialisation. 
Ne nous trompons pas, ce discours sur la "compétitivité" émane essentiellement de confréries telles que "Le Forum économique mondial" (World Economic Forum) de Davos ("the fat cats in the snow") et de "l'International Institute for Management Development" qui occupent leurs membres, entre deux opérations financières juteuses, à classer les pays par ordre décroissant. Ainsi les États-Unis demeurent le pays le plus compétitif de la planète. La France se classe au 28e rang, l'Allemagne au 16e rang selon ce classement... C'est très drôle. (9)
C'est à ce sujet que Paul Krugman, économiste au MIT, laisse percer avec bon sens et ironie sa perplexité :
« L'idée que les nations en concurrence les uns contre les autres comme les grandes entreprises est devenue très répandue chez les élites occidentales, dont beaucoup sont dans l'administration Clinton. En pratique, toutefois, la doctrine de la «compétitivité» est absolument fausse. Les grandes nations du monde ne sont pas, à un degré important, dans une compétition économique avec les autres. Leurs principaux problèmes économiques ne sont pas imputables à une situation de "perdant" sur les marchés mondiaux. Cela est particulièrement vrai dans le cas des États-Unis.
Pourtant, les théoriciens de la compétitivité de l'administration Clinton, de Laura D.Tyson Andrea, Robert Reich à Ira Magaziner, présentent des arguments en apparence sophistiqués, dont la plupart sont supportés par une arithmétique négligente et une recherche bâclée. La compétitivité est une idée séduisante, prometteuse de réponses faciles à des problèmes complexes. Mais les résultats de cette obsession sont une mauvaise affectation des ressources, les frictions commerciales et les mauvaises politiques économiques nationales. »
« En Juin 1993, Jacques Delors a fait une présentation spéciale aux dirigeants des nations de la Communauté européenne, réuni à Copenhague, sur le problème croissant du chômage en Europe. Les économistes qui étudient la situation en Europe ont été curieux de voir ce que Delors, président de la Commission de la CE en dirait. La plupart d'entre eux partagent plus ou moins le même diagnostic du problème européen: les impôts et les règlements imposés par les Etats-providence ont rendu les employeurs réticents à créer de nouveaux emplois, tandis que le niveau relativement généreux de prestations de chômage a fait les travailleurs refusent d'accepter ce genre d'emplois à bas salaires qui aident à maintenir le niveau de chômage relativement faible aux Etats-Unis. Les difficultés monétaires liés à la préservation du système monétaire européen face à des coûts de la réunification allemande ont renforcé ce problème structurel. 
C'est un diagnostic convaincant, mais politiquement explosif, et tout le monde voulait voir comment Delors saurait le gérer. Oserait-il dire aux dirigeants européens que leurs efforts pour promouvoir la justice économique ont entraîné le chômage de manière non intentionnelle mais dérivée? Irait-il jusqu'à admettre que la gestion des taux de change (Exange Management System) ne pourrait être soutenue qu'au prix d'une récession et faire face aux conséquences de cet aveu de l'échec de l'union monétaire européenne? 
Devinez quoi? Delors n'a pas affronté les problèmes ni d'État-providence ni de la gestion des taux de change (EMS). Il a expliqué que la cause première du chômage en Europe a été un manque de compétitivité avec les États-Unis et au Japon et que la solution a été un programme d'investissement dans les infrastructures et la haute technologie." (10) 
Voila d'où vient le gadget des « pôles de compétitivité » et le chômage en Europe : des "managers" de la politique monétaire européenne M. Jacques Delors, concepteur de la monnaie unique et accessoirement M. Trichet, l'inusable mais inutile gouverneur de la BCE.
Quant à l'avenir il est toujours dans la coopération internationale ne vous déplaise. Et il en faudra pour réformer le système de régulation commerciale et instituer une chambre de compensation des paiements internationaux afin de compléter le plan de Keynes en faveur du développement durable et du plein emploi.

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(*) http://www.google.com/url?sa=D&q=http://fr.news.yahoo.com/4/20101001/tts-france-automobile-sarkozy-ca02f96.html&usg=AFQjCNFti-ImsQd1mGA2XdHZJlxFPn8OFA
(1)Le nombre de bénéficiaires de la prime à la casse instaurée par le 
gouvernement dans le secteur automobile s'est élevé à près de 600.000 
en 2009, a annoncé le ministre chargé de la Relance, Patrick 
Devedjian, dans un communiqué. 
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/automobile/2010... 
en France: Instaurée en 2008 et prolongée jusqu’à la fin 2010 de manière dégressive, la prime à la casse française est passée de 1000 à 700 € en janvier 2010 et sera abaissée à 500 € à partir de juilletjusqu’à la fin de l’année.
Elle est valable pour l’achat d’un véhicule neuf émettant moins de 155 g en l’échange d’un véhicule de plus de 10 ans. D’après le ministère de la Relance, environ 600 000 véhicules ont été vendus en 2009 grâce à cette mesure. Cela représente 26 % du marché des voitures particulières (2,2 millions au total) pour un coût de 600 millions d’euros.
http://www.mobilite-durable.org/dossier-du-mois/focus/bilan-des-primes-a-la-casse-en-europe.html
immatriculations en baisse de 19 % en septembre
‎ Cette chute des immatriculations est la sixième d'affilée après dix mois de progression ininterrompue grâce au dispositif de prime à la casse. Les immatriculations de voitures neuves ont encore chuté au mois de septembre en Italie, se repliant de 18,89% sur un an, a annoncé vendredi le ministère des Transports dans un communiqué. 
http://auto.nouvelobs.com/actualites/10461/breve.html 
en Italie: Grâce à la prime à la casse, le marché automobile italien est resté stable en 2009 par rapport à 2008, avec un peu plus de 2,1 millions de voitures vendues. Dotée d’un budget de 1,2 milliard d'euros, cette prime pouvait atteindre 5000 € pour l’achat d’un véhicule "vert".
(2) L'Incitation des autres pays de l'UE à suivre l'exemple de l'Allemagne mènerait évidemment à des excédents de production non vendables à  l'intérieur de l'UE qu'il faudrait vendre à l'extérieur. Comme tout le monde veut suivre la meme politique les excédents qui en  résultent seront invendables et une nouvelle crise se déclenchera.
 http://groups.google.fr/group/fr.soc.economie/browse_frm/thread/11620a55baa7d0c9/121023f41a195bab?hl=fr?f41a195bab?f41a195bab?f41a195bab
(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Comp%C3%A9titivit%C3%A9_%C3%A9conomique 
(4) La compétitivité-prix sur le marche domestique se mesure par le 
rapport entre l'indice des prix à l'importation d'un produit et 
l'indice des prix à la production d'un même produit 
(5) La compétitivité - 1999 
http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/ses/1999/comp_00... 
(6) L’économie de traite 
Elle prévalut surtout en Afrique de l’Ouest, notamment dans les territoires français : Côte-d’Ivoire, Sénégal et en Ouganda, territoire britannique de l’Afrique orientale. 
Les Européens choisissaient les cultures qui devaient être produite ; là où ces produits existaient déjà, ils exigeaient un accroissement de la production ; là où ces produits étaient inconnus, ils les imposaient aux agriculteurs grâce au système des cultures obligatoires ou plus simplement par le biais de l’impôt qui forçait le producteur à entrer dans le circuit de l’économie monétarisée. 
(7) http://fr.wikipedia.org/wiki/Avantage_comparatif 
(8) http://fr.wikipedia.org/wiki/Avantage_comparatif 
(9) Surtout lorsqu'on découvre que cette compétitivité ne peut être maintenue que par l'exonération et l'évasion fiscale puisque ces excédents commerciaux ne doivent pas se retrouver ni dans la répartition salariale ni les recettes budgétaires. (Ou comme le cas de la Chine fortement bénéficiaire qui s'obstine à dépenser ses réserves de change à l'extérieur.) « [Sarkozy a indiqué qu'il entendait poursuivre les efforts entrepris et que le rapprochement qu'il appelle de ses voeux des fiscalités française et allemande était indispensable dans ce contexte. "Ils sont nos premiers partenaires, ils sont nos voisins. Je ferai tout et plus rapidement qu'on ne l'imagine pour rapprocher nos  fiscalités", a-t-il dit des Allemands. » La bonne blague ! C'est téléphoné? On dirait déjà du racket électoral... On nous invitera aussi à Zurich ou au Luxembourg pour le W-E?
(10) http://www.foreignaffairs.com/articles/49684/paul-krugman/competitive...