Translate

07 juin 2009

Europe, la vraie foire aux vanités

Alors que l'on ne parle même plus du référendum du 29 mai 2005 et que la supercherie du Traité de Lisbonne semble avalée de gré ou de force par l'opinion publique, quelques politiciens se déchirent encore pour le titre de "représentants" du peuple français au Parlement européen qui doit siéger à Bruxelles ou peut-être à Strasbourg.

"Alain Lamassoure est un homme dépité et amer. Lui qui, rappelle-t-il, fut ministre délégué aux Affaires européennes, coartisan du traité de Lisbonne, tête de liste aux élections européennes de 2004, s'est retrouvé rétrogradé à la troisième place, avec peu d'espoir d'être éligible dans sa région Sud-Ouest. «C'est un désaveu», confie le parlementaire européen UMP, dont le sort est emblématique du malaise ressenti par nombre de ses collègues bruxellois. Leur assiduité à Bruxelles, leur expérience des arcanes parlementaires - autant de qualités indispensables pour prétendre asseoir l'influence française - ont été ignorées par leur parti, estiment-ils.
[...] Michel Barnier, premier à Paris, se réserverait pour le poste de commissaire européen. De l'avis de tous, l'éviction «la plus scandaleuse» concernerait le chiraquien Jacques Toubon, qui avait pourtant réussi à assouplir la directive Bolkestein, honnie des Français. Au PS, aussi, la rancœur reste vive. Gilles Savary, pilier socialiste de la commission des transports, qui a su imprimer une French touch à chacune des réformes relatives à la libéralisation du rail ou du courrier postal, a été écarté.
[...] «Le PS n'a aucune stratégie parlementaire européenne», tout comme l'UMP estime Gilles Savary.
Les causes de ce malaise, qui revient tous les cinq ans, sont connues : l'existence d'un scrutin de liste à la proportionnelle, l'autorisation du cumul des mandats, l'émergence des exigences de parité, le désir, légitime, de renouvellement…

Le Club des grandes entreprises françaises à Bruxelles, groupe d'influence qui réunit les ténors du CAC 40, se désole de devoir perdre autant de «relais parlementaires français», de tous bords.

Une eurodéputée luxembourgeoise conservatrice, Astrid Lulling, a même écrit à Nicolas Sarkozy pour lui faire part de son sentiment «d'injustice» devant l'éviction de collègues UMP français qui avaient «fait honneur à leur mandat»." [1]

Grand jeu de chaises musicales à Bruxelles... Les lobbyistes en perdent la tête... Que de carnets d'adresses à mettre à jour, que d'enveloppes a redistribuer : comme cela est lassant !

"Néanmoins, l'expérience montre la nécessité, pour une démocratie représentative, de réguler l'activité de lobbyisme. Cette régulation ne peut être réellement effective que si certaines bases législatives existent. En effet, si les États-Unis disposent de règlementations de l'activité de lobbyisme, celles-ci sont néanmoins contredites par l'absence de règles concernant le financement des partis. La collusion entre les intérêts financiers des entreprises, le lobbyisme et les partis politiques prospère sur ce vide juridique. L'affaire Abramoff (2006) en est une des manifestations.

L'Union européenne ne présente pas aujourd'hui de législation, en tant que telle, qui régit la pratique du lobbyisme, à l'exception du Parlement européen.

Dans un soucis de transparence, la Commission a mis en ligne le 23 juin 2008 un registre en ligne où « sont invités à s'inscrire » (..)«tous les représentants d'intérêt qui cherchent à influer sur l'élaboration des politiques et les processus décisionnels des institutions européennes ».

L'inscription volontaire et non obligatoire à ce registre est critiquée par certains acteurs, ONG notamment, de même qu'une transparence insuffisante : « Les règles de divulgation des informations financières sont fragiles et biaisées » a estimé en 2008 Alliance for lobbying transparency (Alter-Eu)).
L'inscription engage le lobbyste à décrire son identité, ses actions, quelques éléments financier. Il l'engage aussi à respecter un code de bonne conduite." [2]

Mais qui peut croire qu'un "code de bonne conduite" puisse être suivi par des organisations dont la seule règle prévalente est celle du profit à tout prix et la seule contrainte celle qui touche au coffre-fort ?
Qui peut oublier que l'influence de ces groupes de pressions oriente vers la defense d'intérêts particuliers dans un rapport de force antagoniste contre l'intérêt général que prétend poursuivre l'organisation politique ?

Retournons à l'essentiel et relisons avec profit la pensée inspirée du Philosophe :
"Sitôt que le service public cesse d'être la principale affaire des citoyens, et qu'ils aiment mieux servir de leur bourse que de leur personne, l'État est déjà près de sa ruine. Faut-il marcher au combat ? ils payent des troupes et restent chez eux ; faut-il aller au conseil ? ils nomment des députés et restent chez eux.

À force de paresse et d'argent, ils ont enfin des soldats pour asservir la patrie, et des représentants pour la vendre.

C'est le tracas du commerce et des arts, c'est l'avide intérêt du gain, c'est la mollesse et l'amour des commodités, qui changent les services personnels en argent. On cède une partie de son profit pour l'augmenter à son aise. Donnez de l'argent, et bientôt vous aurez des fers. Ce mot de finance est un mot d'esclave, il est inconnu dans la cité. Dans un pays vraiment libre, les citoyens font tout avec leurs bras, et rien avec de l'argent ; loin de payer pour s'exempter de leurs devoirs, ils payeraient pour les remplir eux-mêmes. Je suis bien loin des idées communes ; je crois les corvées moins contraires à la liberté que les taxes.

Mieux l'État est constitué, plus les affaires publiques l'emportent sur les privées, dans l'esprit des citoyens. Il y a même beaucoup moins d'affaires privées, parce que la somme du bonheur commun fournissant une portion plus considérable à celui de chaque individu, il lui en reste moins à chercher dans les soins particuliers. Dans une cité bien conduite, chacun vole aux assemblées ; sous un mauvais gouvernement, nul n'aime à faire un pas pour s'y rendre, parce que nul ne prend intérêt à ce qui s'y fait, qu'on prévoit que la volonté générale n'y dominera pas, et qu'enfin les soins domestiques absorbent tout. Les bonnes lois en font faire de meilleures, les mauvaises en amènent de pires. Sitôt que quelqu'un dit des affaires de l'État : Que m'importe ? on doit compter que l'État est perdu.

L'attiédissement de l'amour de la patrie, l'activité de l'intérêt privé, l'immensité des États, les conquêtes, l'abus du gouvernement, ont fait imaginer la voie des députés ou représentants du peuple dans les assemblées de la nation. C'est ce qu'en certain pays on ose appeler le tiers état. Ainsi l'intérêt particulier de deux ordres est mis au premier et second rang ; l'intérêt public n'est qu'au troisième.

La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n'y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement.

Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi.

Le peuple Anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde.
L'idée des représentants est moderne : elle nous vient du gouvernement féodal, de cet inique et absurde gouvernement dans lequel l'espèce humaine est dégradée, et où le nom d'homme est en déshonneur. Dans les anciennes républiques, et même dans les monarchies, jamais le peuple n'eut des représentants ; en ne connaissait pas ce mot-là. Il est très singulier qu'à Rome, où les tribuns étaient si sacrés, on n'ait pas même imaginé qu'ils pussent usurper les fonctions du peuple, et qu'au milieu d'une si grande multitude ils n'aient jamais tenté de passer de leur chef un seul plébiscite." [3]

En Europe la liberté et le droit se vendent aux enchères et les lots sont accordés aux plus offrants !

Osons le dire : cette Europe est une vraie foire aux vanités pour ambitieux hypocrites et sans scrupules.
Suivons leur ascension au sommet de la société et leur chute vertigineuse, nous les citoyens de papier, esclaves modernes aux vies asservies et broyées par un systeme pseudo démocratique, le Léviatan de l'Oligarchie !

---
[1] http://www.lefigaro.fr/elections-europeennes-2009/2009/06/06/01024-20090606ARTFIG00114-les-criteres-de-selection-des-eurodeputes-francais-etonnent-.php
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Lobbying
[3] http://www.audiocite.net/philosophies/jean-jacques-rousseau-du-contrat-social-livre3.html