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01 septembre 2007

Non au dicktat du "Mini-Traité" européen

Le "nouveau traité" européen reprenant l'essentiel des principes et dispositions du Traité constitutionel rejeté par Referendum par le peuple souverain est au centre de toutes les manigances pour être imposé de gré ou de force par des "élites" méprisantes et incompétentes.

L'arbitraire de l'exécutif apparait ici à plusieurs niveau :

1. L'election à 53 % ou à 82 % d'un président n'a aucune incidence sur l'expression de la souveraineté nationale du peuple par référendum.
A la question : "Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe ?"
Les résultats validés par le conseil constitutionnel de la consultation du 29 mai 2005 donnent le NON à 54,67%. Ce non à 54,67 % vaut mieux que le oui à Sarkozy à 53,06 %. Et même à 50,01 % le résultat d'un référendum populaire doit être respecté par une autorité exécutive même élue à 82%.

2. Mr Sarkozy a fait le plus gros de sa propagande en rabâchant sans cesse depuis le discours de Périgueux les thèmes nationalistes (la France, la nation française, l'identité nationale, l'Etat volontariste, etc.) et en fustigeant la politique européenne (l'euro fort, l'echec du TCE, les importations concurrentielles, etc.). Ensuite avec son mini traité dont on n'a jamais connu la substance sinon qu'il serait adopté par les parlementaires... On constate finalement qu'il prive quasiment la France des moyens d'une politique volontariste et souveraine... sans remettre en cause la politique monétaire de la Bce, sans toucher à la question de la protection tarifaire, etc.
Il s'agit d'un procédé de propagande et d'une tromperie digne du despotisme le moins éclairé.

3. Le programme électoral d'un candidat n'a aucune valeur juridique, contrairement à l'article 5 de la Constitution : "Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat.
Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités."
Même si le candidat avait fait son succés électoral sur un projet d'abandon de l'indépendance nationale - ce qui n'est pas le cas -, son statut de président l'empêche de l'appliquer sous peine de forfaiture et d'accusation de haute trahison.
Si le mini-traité contient implicitement ou explicitement le projet d'atteinte à l'indépendance nationale et à l'intégrité du territoire, il faudra bien se résoudre à punir de façon exemplaire l'auteur et les complices d'une telle trahison. On a déjà coupé la tête d'un monarque pour un crime comparable.
Seul un tyran peut se permettre de piétiner le droit qui légitime et limite sa liberté d'action.

4. La confusion entre la légitimité de la volonté générale du Peuple exprimée directement par le référendum et la légitimité des représentants exprimant indirectement celle-ci est manifeste.
On ne peut pas faire ratifier par le représentant du peuple ce qui a été rejeté par le peuple souverain sauf à mépriser la notion de hiérarchie de l'autorité et nier les règles fondamentales de la démocratie.
Seul un potentat méprisable peut se le permettre.

5. Vous objecterez que les textes sont différents. Certes mais l'effet n'est-il pas finalement le même dans la délégation de souveraineté nationale et sur de nombreux autres points comme celui de la personnalité juridique de l'Union européenne, etc.?
Or il s'agit d'un bricolage institutionnel contraire au droit international que les français sont bien inspirés et assez instruits et raisonnables pour condamner.
Seule une dictature peut imposer de force, sous une forme ou une
autre, ce que rejette légitimement, de bon droit et avec raison, la
majorité du Peuple.

Ce mini-traité est - de toutes évidences - un Dictat : le première acte d'une tyrannie qui commence. Soyons assez lucides pour le reconnaitre.

Oui, la souveraineté du peuple doit être totale et doit s'imposer aux ruses et autres complots des partisans d'un régime oligarchique.
Rétablissons la liberté du peuple français à disposer de lui-même, et le respect de la Charte des Nations-unies, de l'Acte final de la conférence Helsinki pour la sécurité et la coopération en Europe, par tous les moyens et sans condition.

On a trouvé la clé de décodage de la politique économique du gouvernement Sarkozy : la magie-économie

A l'occasion de la polémique déclenchée par l'idée saugrenue de "juger les fous irresponsables" émise par notre Petit Ruisseau Tortueux de la Pensée Occidendale les analyses convergent vers un constat accablant...

Dans un article de Libération du 27 aout, Fabrice Tassel mène l'enquête sous le titre : «Il n’y a pas de sens à juger celui qui ne comprend pas» :

"[...] Cet accompagnement du deuil qui serait dévolu à la justice fait d’ailleurs réagir ces professionnels de l’institution judiciaire. «La justice n’est pas faite pour les victimes, tient à souligner Jean de Maillard, juge des libertés et de la détention à Orléans. C’est de juger des faits et d’en trouver le ou les auteurs.» Ce magistrat voit dans la méthode de Nicolas Sarkozy une approche «cathartique» de la justice : «L’objet pénal serait de conjurer le sort : à travers le procès d’un fou la société retrouverait une forme d’innocence perturbée. C’est de la magie. De la même façon il fait une utilisation magique de la science et de la médecine en faisant croire qu’elles peuvent garantir qu’un délinquant sexuel est soigné, mais qu’avant il doit rester enfermé. Mais c’est très fort, Nicolas Sarkozy nous renvoie collectivement à notre propre image : nous voulons que nos peurs soient conjurées, et il le promet.» Une idée aussi développée par Dominique Barella, l’ancien président de l’USM, aujourd’hui proche de Ségolène Royal : «Ce type d’annonce est le reflet d’une société extrêmement individualiste. Car penser avant tout à la victime, c’est prendre un registre individuel, c’est ne pas penser à la société en termes collectifs.»
Hier, le syndicat des psychiatres d’hôpitaux a estimé que la proposition de Nicolas Sarkozy bafoue «les valeurs fondamentales de notre société. Dans une exaltation émotionnelle et compassionnelle, une telle exhibition finalement morbide et traumatisante bafouerait et les droits de l’individu et les valeurs fondamentales de notre société et de notre justice». "

Quelques éléments font réagir :
1. " C’est de la magie. De la même façon il fait une utilisation magique de la science et de la médecine [...]"

2. «Ce type d’annonce est le reflet d’une société extrêmement individualiste. Car penser avant tout à la victime, c’est prendre un registre individuel, c’est ne pas penser à la société en termes collectifs.»

3. "Dans une exaltation émotionnelle et compassionnelle, une telle exhibition finalement morbide et traumatisante bafouerait et les droits de l’individu et les valeurs fondamentales de notre société [...]"

Mais quel rapport avec la politique économique ?

Et bien nous nous inquiétions pour savoir si le gouvernement suit une politique de l'offre ou de la demande, si l'euro fort et l'indépendance de la BCE pointé du doigt par Mr Fillon dernièrement sont réellement responsables du déficit commercial français, si le manque à gagner fiscal des mesures de réductions d'impôt sera compensé par un regain de confiance, un sursaut de la consommation, de l'investissement et finalement un grand bon en avant du taux de croissance en 2008, si le G7 sera réellement convoqué pour étudier des propositions améliorant la "transparence des marchés" et limitant "l'explosion de la spéculation", etc. etc.

Mais que nenni ! Nous n'y étions pas !
La seule motivation de l'agitation de l'exécutif français dans le domaine économique c'est : "l'exaltation émotionnelle et compassionnelle".

Baisser les impots ? : "Ce type d’annonce est le reflet d’une société extrêmement individualiste. Car penser avant tout à la victime (le méchant irresponsable ici c'est le fisc), c’est prendre un registre individuel"

Le déficit budgétaire ? : Mais qui se souci de "penser à la société en termes collectifs." ? Des terroristes dépourvus du moindre sentiment d'humanité certainement...

Le faux procés à la BCE (ou celui de l'euro fort, de la spéculation boursière, etc.) qui n'aura aucune suite ?
"[...] dans la méthode de Nicolas Sarkozy une approche «cathartique»"... est suffisante «L’objet [du discours économique] serait de conjurer le sort : à travers le procès [symbolique] d’un fou [de quelques institutions irresponsables] la société retrouverait une forme d’innocence perturbée."

Oui parlons, parlons d'avantage et parlons encore... Mais surtout ! Ne faisons rien d'utile ! Rien de tel que proposer une réforme des statuts à l'occasion d'un nouveau traité par exemple...
Bref toutes les propositions de politique économique convergent vers cette nouvelle théorie : la magie-économie !
Ainsi pour compléter le tableau il faudrait dire : "De la même façon Sarkozy fait une utilisation magique de la science, de la médecine... ET DE L'ÉCONOMIE".

Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises !
Hier par exemple une nouvelle absurdité vient de sortir du chapeau de notre Garcimore national : "Conformément aux souhaits de Nicolas Sarkozy, le ministère de la Justice prépare des projets de loi qui limiteront les sanctions pénales dans le domaine des affaires"...

Bravo, Merveilleux, Extraordinaire !
Encore, encore ! C'est fou ! C'est magique !

15 avril 2007

De la démagogie à la tyrannie : la doctrine Sarkozy (3)

Des projets décousus

Quand l'incompétence dispute avec la surdité, M. Sarkozy semble figurer ce type du dirigeant doctrinaire qui loin de rester à l'écoute des avis les plus lucides, prétend imposer une réponse absolue, ferme et définitive sur tous les sujets.

Nous nous limiterons à quelques points fondamentaux de la politique économique où la doctrine Sarkozy fait merveille : permettant l'ouverture d'une série de faux débats qui ne sont appuyés ni par la raison ni les fruits de l'expérience et conduit à appliquer de fausses solutions - a des problème réels ou supposés - dont les résultats ne font qu'aggraver une situation déjà délicate.

Qu'il soit question du déficit public, de la relance de la croissance économique et de la réduction du chômage toutes les mesures proposées dans le programme et les interventions de M. Sarkozy - et sur lesquelles s'attache l'imagination délirante du personnage - converge dans un sens contraire à ce qu'il faudrait faire pour assurer la prospérité de la France.


I. Le déficit public

On sait que la dette de l'Etat résulte du déséquilibre entre les recettes fiscales et les dépenses publiques. Chaque année depuis 1974 la France adopte une loi de finance déficitaire. Aujourd'hui le pays traîne une dette croissante de plus de 1200 milliards d'Euros (1) et le service de la dette, c'est à dire le paiement des intérêts aux préteurs représente une charge de plus de 40 milliards d'Euros par an, soit le deuxième poste de dépense. On s'imagine bien qu'il faudra tôt ou tard étudier les causes structurelles et conjoncturelles de la dette, réduire les dépenses et augmenter les recettes pour équilibrer le budget de la Nation.

Qu'a fait M. Sarkozy ? Que propose t-il ?
Tout le contraire.

C'est à partir de 1993, et surtout durant les années 1994 et 1995, alors qu'il était ministre du budget sous le gouvernement Balladur, que le déficit a bondi jusqu'à 6 %, au mieux 5,4 % du PIB. Il obtient ainsi le triste record du déficit budgétaire de la 5ieme République ce qui lui vaut bien le titre de "Mr Déficit". Selon les chiffres du ministère de l'économie la dette publique est passée de 375 milliards d'Euros en 1993 (45,3% du Pib) à 496 milliards d'Euros en 1995 (54,6% du Pib), soit 121 milliards d'Euro d'augmentation (une augmentation d'environ 1/3 de la dette française). (1)

En avril 2004 le même hurluberlu, alors ministre de l'Economie et des Finances, sort de son chapeau une solution miracle : Il faut vendre l'or de la Banque de France !
"Nicolas Sarkozy indiquait sur TF1 que cette vente "est une idée à creuser (...) à deux conditions". La première est d’obtenir l’accord du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, et la seconde consiste à ne pas utiliser ces financements pour des dépenses de fonctionnement. Les réserves d’or pourraient alors servir, selon l’hôte de Bercy, à " réduire la dette " (2)
A la Banque de France, le stock d'or français de 487 tonnes en 1948 grimpera constamment pour culminer à 4.700 tonnes en 1975. Dès 1980, il est ramené à 3.200 tonnes et n'en bougera plus jusqu'en 2004.
Or des le 20 avril M. Strauss Kahn déclare dans une tribune du Figaro : "On nous présente cette affaire comme l’un des instruments majeurs au service de la politique économique du gouvernement, or elle se réduit à procurer à l’Etat 40 millions d’euros par an ! Est-ce avec cela que ce gouvernement compte compenser les 20 milliards d’euros que coûte la baisse de l’impôt sur le revenu. [...] Une telle opération ne changera rien à notre situation économique. Vendre 100 tonnes d’or, c’est mobiliser 1 milliard d’euros et dégager au maximum 40 millions d’euros de recettes supplémentaires, ce qui équivaut à 0,1 % de notre déficit budgétaire. Et même si ce milliard pouvait être sorti des comptes de la Banque de France au moyen d’une ruse un peu dérisoire, puis donné à l’Etat afin de contribuer à son désendettement, il ne comblerait là encore que 0,1 % d’une dette qui s’accroît actuellement de 2 % par an. Qu’on permette aux Français d’attendre du ministre des Finances des solutions qui résolvent plus de 0,1 % des problèmes qui sont devant nous." (4)

Nous n'entendons donc plus parler de vente du stock d'or de la Banque de France quand Hélène Mazier du journal La Tribune (articles depuis peu retirés de la publication sur le site de ce journal propriété du groupe LVMH ) nous apprend que 200 tonnes aurait été vendue depuis septembre 2004 au titre de l'accord CBGA II (2004-2009). Ces "ventes Sarkozy" porteraient en fait sur un total de 500 tonnes (100 tonnes/an) négociées en 2004 alors que le prix du métal précieux était de 400 $/l'once, qu'il vaut plus de 630 $/l'once aujourd'hui et que l'expertise financière de Merrill-Lynch a toujours estimé la progression de cette valeur qui devrait se fixer à long terme autour de 850 $/l'once. (5)
Emmanuel Gentilhomme s'interroge "A quoi rime tout cela ? Est-il possible de gérer plus mal le plus solide des actifs que puisse compter le patrimoine public ? Nous n'avons pas de réponse définitive à apporter à cette question. Mais nous vous invitons, chers lecteurs, à la poser à vos élus." (6)
S'agit-il dans ces ventes de suivre stupidement l'exemple de la Banque d'Angleterre qui disposait de 2.500 tonnes en 1960 et seulement de 312 tonnes en 2004 alors que le World Gold Council donne de nombreuses raisons pour les Etats de préserver une réserve d'or stratégique ? (7) A qui profite ces ventes ? S'agit-il de répondre à la demande de certains spéculateurs ou bien de ruiner définitivement la France ?

Sur le plan des recettes fiscales, les nouvelles déclarations de M. Sarkozy provoquent la même stupéfaction.
Apres avoir fait exploser la dette publique, fait disparaître une partie des réserves d'or de la France en tentant de réparer une première
erreur par une autre plus grossière encore ; Le personnage poursuivant ses lubies veut renoncer à stabiliser le déficit et repartir dans la course à la dette en supprimant des recettes budgétaires indispensables !

"Nicolas Sarkozy, qui promet 15 milliards d'euros de baisses d'impôts dès cet été, a souligné la semaine dernière qu'il ne s'interdirait pas de marquer une pause dans la réduction du déficit budgétaire." (8)

"Pourtant, c'est bien en France que l'impôt sur le revenu est parmi les plus faibles de tous les grands pays développés. Il est payé par un Français sur deux, seulement. Et les réformes menées ces dernières années ont progressivement ramené le taux marginal de 65% en 1981 à 40% cette année. Du coup, notre impôt est devenu très compétitif par rapport aux autres pays. Le taux moyen de l'impôt en France s'élève à... 8% ! L'étude, réalisée par le cabinet Landwell pour « le Nouvel Observateur » (voir page suivante), montre que l'IRPP est plus faible en France qu'en Allemagne ou en Belgique et même qu'en Grande-Bretagne, si souvent montrée en exemple." [...] "Une réduction de 4 points des prélèvements obligatoires, soit 68 milliards ! Un montant totalement fantaisiste. Ses conseillers ont donc réajusté le tir. Tout ne sera pas fait tout de suite. «Notre but est d'utiliser l'outil fiscal pour inciter au travail et à la production», insiste un de ses conseillers, le député UMP Gilles Carrez. La réforme du bouclier fiscal, qui plafonnerait à 50%, contre 60% actuellement, le total des impôts payés par un contribuable ? 0n ne sait plus si la CSG sera incluse ou non dans le bouclier. La déduction des intérêts d'emprunts immobiliers ou des dépenses de services à la personne ? En fait elle sera plafonnée. Mais à quel taux ? Il n'est pas fixé. La suppression des droits de succession pour l'essentiel des contribuables ? Elle sera plus limitée." (9)

Dans la dernière version du programme électoral : "Le candidat UMP ne reprend pas sa proposition de baisser de 4 points les prélèvements obligatoires. Il affirme par contre qu'il "n' [augmentera] pas les impôts mais au contraire [fera] tout pour les baisser".
Il ne cite pas non plus l'abaissement du bouclier fiscal de 60 % à 50 % du revenu, dont il avait fait son cheval de bataille lors de son
discours d'investiture. L'idée d'une franchise non remboursée pour les dépenses de santé a également été abandonnée. Mais dans le programme figure la
suppression des droits de succession, "à l'exception des plus riches". Jeudi matin, Xavier Bertrand a pourtant affirmé que "tous les points qui ont été évoqués à un
moment ou à un autre sous forme d'interview ou dans des discours restent bien au cœur du projet de Nicolas Sarkozy", même s'ils ne figurent pas dans le fascicule. Le bouclier fiscal "figure toujours, effectivement, dans nos intentions", de même que la franchise pour les dépenses de santé, a cependant assuré Xavier Bertrand." (11)
Ces propositions restant dans l'ensemble incertaines et contradictoires, nous restons donc dans le brouillard et rien de concluant sur le sujet de la réduction du déficit public n'est dit. Il faut simplement et sérieusement envisager le pire.
Promettre des baisses d’impôts alors que la croissance patine et que le poids de la dette s’alourdit de jour en jour n’est pas sérieux. C’est un pari démagogique et irresponsable...

Sera-il un jour possible d'évoquer les causes structurelles de la dette ? Puisqu'il faudra bien voir un jour que les réductions d'impôts et la politique monétariste (qui oblige l'Etat à emprunter à plus de 3% d'intérêt la masse monétaire correspondant au surplus annuel de la production soit plus de 40 milliards d'euro en 2006) jouent un rôle essentiel.

C'est ce soucis d'analyse réaliste qui fait dire : "Toutefois, si l'on agrège les créances et les dettes des ménages français, il ressort que les intérêts de la dette publique sont des revenus pour les Français payés par l'impôt des Français. Ce constat doit-il nous rassurer ? Eh bien non, car, explique l’économiste Jean-Marie Harribey, il traduit un effet de fiscalité redistributive à l’envers, puisque ce sont les classes aisées qui achètent des obligations d’Etat, alors que la structure de la fiscalité est telle que ce sont les classes pauvres qui paient l’impôt dans une proportion inverse à ce que commanderait la justice – l’impôt indirect non progressif étant prédominant par rapport à l’impôt direct progressif." (10)


II. La croissance et l'emploi


On ne sait même plus quelle optique la doctrine Sarkozy adopte pour parler de croissance économique. Est-ce une énième version de la théorie de l'offre qui nous fait croire que l'activité de production économique elle-même suffit pour entraîner la consommation et l'emploi ou est-ce le niveau élevé du pouvoir d'achat qui permettrait d'entraîner la machine économique ?

On peut parier que les concepteurs du discours eux-mêmes ne sauraient le dire ou même plus grave - mais plus vraisemblable - qu'ils ne savent pas au juste de quoi ils parlent...
Qu'a cela ne tienne ! Il faut des formules magiques, des déclarations péremptoires pour frapper l'imagination de la foule et donner l'illusion temporaire que l'on maîtrise le sujet... au moins jusqu'aux élections !

Tout le monde a entendue cette formule du "travailler plus pour gagner plus". Mais que signifie t-elle exactement ? Est-ce l'expression d'une idée frappée au coin du bon sens ou une erreur dogmatique de plus, un autre simplisme qui se comprendrait mieux si on demandait aux employés de "travailler plus" pour permettre aux employeurs de "gagner plus", ou encore l'hypothèse qui fait de la France un pays peuplé par des Shadocks qui ne demanderaient que de pomper d'avantage pour n'aller nulle part ?...

Voici quelques extraits de propagande : « La meilleure manière de protéger le travail, c'est de le réhabiliter en permettant à ceux qui travaillent davantage de gagner davantage. Il ne faut pas avoir honte de vouloir une vie plus facile pour sa famille, une meilleure école pour ses enfants, un appartement plus grand pour être heureux. Je propose d'exonérer de charges sociales les heures supplémentaires et le rachat de jours ARTT. Cela renforcera le pouvoir d'achat des salariés et la compétitivité de nos entreprises. De même, si les fonctionnaires veulent travailler plus, il faut leur en donner le droit. » (12)

"Il faut poser la question de l’augmentation des salaires dans notre pays parce que toute ma stratégie économique est fondée là dessus. Le premier problème économique des Français, c’est une question de pouvoir d’achat, il faut donner du pouvoir d’achat aux Français, pour donner de la croissance et pour cela il faut permettre aux gens de travailler plus. Il faut savoir qu’un salarié qui travaillerait quatre heures de plus pourrait gagner 15 % de plus. L’erreur des 35 heures a été une erreur considérable qui a conduit les Français à une rigueur salariale qui a pesé sur la croissance de la France." (13)

Faut-il vraiment ignorer la situation et les mécanismes de l'économie pour émettre de pareilles absurdités ? Oui, il serait beau de travailler plus pour produire d'avantage de richesses, d'avantage de bien-être et permettre d'entretenir un fonctionnement régulier du système économique.
Mais pourquoi aurait-il fallu attendre M. Sarkozy dont l'incompétence en matière d'économie politique est démontrée au niveau des finances publiques pour mettre en oeuvre cette idée ?

1. Il existe en droit du travail et dans le contrat entre l'employé à l'employeur un lien de subordination qui oblige l'un d'être à la disposition de l'autre en contrepartie du paiement des heures travaillées. Ce n'est pas à l'employé de décider de travailler plus, mais à l'employeur de le requérir.

2. Or le travail a un prix qui ne doit pas dépasser un certain coût de revient. Si les prix sont trop bas, si les commandes ne suivent pas la capacité de production, si les stocks s'accumulent, si les débouchés manquent : il est tout a fait ridicule de par un caprice de la volonté de demander un sursaut d'effort aux travailleurs et même de leur promettre un gain supplémentaire si la production ne peut être vendue et écoulée.
Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs, ce n'est pas le travail qui crée la demande de produit, mais la demande de produit, la commande ferme qui provoque le lancement de la production, le démarrage de l'activité productive.

3. Donc le "droit de travailler plus" n'existe pas et n'existera jamais. Tout au plus pourrait-il exister "le droit de faire travailler plus" auquel l'employé n'aurait pas la liberté de se soustraire. C'est une situation qui existait avant le Front populaire et Léon Blum, au cours du 19eme siècle et même pour les serfs du moyen age... Nous serions curieux de savoir si le propagandiste souhaiterait retourner dans ses conditions ; au moins a-t-il jamais travaillé pendant 8 heures de rang à l'usine ou sur un chantier ? Certainement pas... Et heureusement qu'il existe des syndicats pour protéger les droits de cet individu si il devait un jour prochain travailler sous les ordres d'un patron abusif.

4. Ce discours nous fait croire que les français ne travaillent "pas assez". Or un bref coup d'oeil sur les statistiques permet de nous convaincre que le problème n'est pas là : La France travaille plus que la moyenne européenne. (14) Toutes branches et tous emplois confondus la durée effective moyenne de travail est de 38 heures par semaine en France. 30 heures pour les Pays-bas, 35,6 pour l'Allemagne, 36,9 pour le Royaume-Uni, 37,9 pour UE a 27, etc. Effectivement dans les pays méditerranéens et les pays de l'Est on travaille plus longtemps... mais produit-on d'avantage ?

5. La productivité horaire en France est la plus élevée au monde derrière le Luxembourg. Conséquence directe, en travaillant 35 h en France, le travailleur produit beaucoup plus que beaucoup de chez nos voisins. (5ieme rang mondial derrière le Luxembourg, les Etats unis, l’Irlande et la Belgique).

6. On touche a partir de ces simples constatations ce moment où la l'approche objective et l'étude rationnelle des faits s'efface devant un discours idéologique tonitruant qui voit des problèmes où ils ne sont pas et les vrais problèmes restent où ils sont...
"Cela fait partie du discours ambiant : les Français travailleraient trop peu, notamment à cause des 35 heures. Ce qui expliquerait la faiblesse de leur pouvoir d’achat, la perte de compétitivité du pays et les dérives d’une protection sociale trop sollicitée, faute de revenus d’activité suffisants. Mais quand on examine la situation française de plus près, les évidences deviennent moins évidentes... Et d’ailleurs, que veut dire exactement « travailler trop peu » ? S’agit-il d’un nombre d’heures travaillées jugé trop faible ou du nombre de personnes au travail ? Cela n’a pas les mêmes conséquences sur les politiques publiques à mettre en oeuvre." (15)

7. En quinze ans, de 1990 à 2005, la France a créé davantage d’emplois (2 520 000 : +11,25%) que l’Angleterre (1 520 000 : +5,82%). Le modèle libéral britannique n’est donc pas supérieur au modèle social français.
"Du fait des embauches qui l’ont accompagnée (350 000 au total en quatre ans, de début 1998 à fin 2001, selon l’Insee et la Dares du ministère de l’Emploi), la réduction du temps de travail a accentué la tendance à l’augmentation du volume total d’heures travaillées dans les entreprises (+ 6,8 %) observée durant cette période. Et sur un plan macroéconomique, c’est bien ce volume total qui compte et non le volume de travail individuel de chacun de ceux qui ont un emploi. Au contraire, depuis 2002, ce même volume est en légère baisse, de l’ordre de 1 % à 1,5 %. L’augmentation du nombre d’emplois entre 1997 et 2001 a donc plus que compensé l’effet de la réduction du temps de travail. En revanche, les 35 heures ont incontestablement freiné la croissance des rémunérations… pour ceux qui étaient déjà en emploi." (15) A cela il faut ajouter que ce frein de la croissance des rémunérations est globalement et largement compensé par les rémunérations supplémentaires de ceux qui ont pu retrouver un emploi.

8. "Faut-il travailler davantage ? Il vaudrait mieux en effet être plus nombreux en emploi. Cela augmenterait l’autonomie des personnes et le revenu des ménages concernés, même si la qualité des emplois en question mérite aussi d’entrer en considération, compte tenu des problèmes que posent le développement des emplois précaires et le phénomène des travailleurs pauvres (working poors). En outre, pour les jeunes, dès lors que l’emploi est lié à la formation, cela améliore la qualité de leur insertion professionnelle.
Travailler jusqu’à un âge plus élevé sera sans doute aussi nécessaire du fait du retournement démographique, mais cela devrait se faire moins par le recul de l’âge légal de départ en retraite que par la diminution des sorties précoces. Quant aux heures annuelles travaillées, la priorité devrait être à la réduction du nombre de chômeurs et de salariés à temps partiel subi. Certes, rien ne dit que la productivité de ces travailleurs serait au niveau de ceux qui sont aujourd’hui en emploi à temps plein. Il n’empêche : s’il faut travailler plus, mieux vaudrait explorer ces pistes avant de remettre en cause des symboles sociaux comme les 35 heures et la retraite à 60 ans. Elles sont moins porteuses d’inégalités et de conflits." (15)

9. "Incontestablement, tout ce qui favorise la flexibilité est un « plus » pour les entreprises. Mais penser que cela permettra de régler la question du chômage, c’est se leurrer quelque peu : le nombre d’emplois créés dépend en premier lieu de l’évolution du pouvoir d’achat, de l’effort d’investissement et d’innovation, etc. En outre, la flexibilité est source d’inquiétude pour les salariés, qui craignent d’être renvoyés à tout moment. Ils n’accepteront donc de jouer le jeu – comme c’est le cas au Danemark ou en Suède, par exemple – que si des garanties leur sont données sur leur retour à l’emploi, la continuité de leurs revenus, la formation, le développement local, etc. Toutes choses qui impliquent des politiques publiques fortes et des accords entre partenaires sociaux."(15)

10. "La défiscalisation des heures supplémentaires aurait mécaniquement un effet négatif sur l'emploi : plus d'heures supplémentaires, c’est évidemment moins d'embauches. Mais cette mesure aurait également un effet de « distorsion » qui polluerait les choix des entreprises. Au lieu de choisir entre heures supplémentaires et embauches en fonction de critères économiques (et donc de faire un choix qui crée de la valeur économique), les entreprises feraient leur arbitrages sur des considérations fiscales en raisonnant en termes de baisses d'impôts et non de création de valeur. Au final, on aurait ainsi moins d'emplois et plus d'heures supplémentaires, y compris dans des cas où les entreprises préféreraient recruter. Certes, en baissant les impôts, on crée un peu d'activité, mais il est évident, pour des raisons déjà évoquées à propos des emplois Bayrou, qu'on créera moins d'emplois que si on avait alloué les mêmes sommes aux exonérations sur les bas salaires ou pour accompagner la recherche active d'emploi. Autrement dit, si Nicolas Sarkozy veut vraiment créer le plus d'emplois possibles, il se trompe de voie. Cette mesure est un exemple parfait de mauvais dispositif économique, et il ne faut pas se laisser égarer ici par les modèles de Rexecode, qui sont calés sur des paramètres selon lesquels toute baisse d'impôt crée des emplois et n’interrogent pas les différents usages possibles de ces baisses d'impôts. Le principal avantage de cette proposition n’est pas économique, mais politique, avec un côté très consensuel : c’est un cadeau fiscal aux salariés et aux entreprises. Cela peut plaire aux électeurs, mais il est difficile d'y voir une volonté de réforme économique." (16)

11. Au sujet de la compétitivité économique : "N. Sarkozy semble prendre les réformes menées en Allemagne comme modèle. Ainsi, à propos du plafonnement du niveau d’imposition, qui existe déjà en Allemagne depuis plusieurs années, il nous dit : « Comment imaginer que la France puisse s'exonérer d'une règle qui concerne 82 millions d'Allemands ? » L’argumentation est brillante : les Allemands sont plus nombreux que nous, ils ont donc toujours raison par rapport à nous ; imitons-les donc… Faisons également en sorte que le coût du travail n’augmente pas, tout comme eux, et, finalement, la « compétitivité » nationale sera restaurée !
Tout le monde sait pourtant que la France n’a pas intérêt à rentrer dans la compétition fiscale et salariale dans la zone euro. La conséquence logique de ce type de compétition est, en effet, ce que l’on appelle le « moins-disant fiscal », qui implique le « moins-disant social » (les économistes parlent de « course vers l’abîme », « race to the bottom » en anglais) : d’une part car les baisses d’impôts réduisent les marges de manœuvre budgétaire, d’autre part car la modération salariale limite le pouvoir d’achat. Or, les débouchés de la production nationale sont encore à 75% nationaux en France, compte tenu du taux d’ouverture qui est de 25%. On voit donc clairement toute l’absurdité de vouloir restaurer la compétitivité au détriment du pouvoir d’achat national : cela revient à encourager les exportations, au détriment de la consommation nationale, pourtant largement majoritaire. Ce type de politique n’a un sens que dans les petits pays de la zone : ils sont, en règle générale, beaucoup plus ouverts et les exportations sont souvent leur débouché majeur." (17)

12. M. Devedjian reconnaissait en public dans une émission télévisée (18) que son gouvernement avait échoué en matière d'emploi et préconisait a titre personnelle la nécessité d'une politique de ré-industrialisation. Or la concurrence des produits d'importation à bas coûts ruine toute velléité de relance économique nationale et ceci fait partie des vrais problèmes occultés par les slogans de l'idéologie libérale.
Il est certainement plus facile en parlant du chômage de dévier le sujet et reprendre ces recettes éculées de la Banque mondiale que l'on retrouve dans le programme de Sarkozy. Ainsi l'idée du "crédit formation de un an" est directement copiée depuis les rapports de cette institution :"La mondialisation facilite le processus et le rend moins coûteux pour l'économie dans son ensemble grâce aux flux de capitaux, aux innovations technologiques et à la baisse des prix des importations. La croissance, l'emploi et le niveau de vie atteignent tous des chiffres supérieurs à ce qu'ils auraient été dans une économie fermée.
Cependant, ces avantages sont le plus souvent répartis inégalement entre les pays et certains segments de la population risquent d'y perdre. Par exemple, il se peut que les travailleurs des vieilles industries sur le déclin aient des difficultés à se recycler dans la nouvelle économie.
Que doivent faire les autorités? Doivent-elles essayer de protéger des groupes particuliers comme les travailleurs à bas salaire ou ceux des vieilles industries, en limitant les échanges ou les flux de capitaux? L'aide partielle qu'elles peuvent ainsi apporter à court terme porte atteinte en fin de compte au niveau de vie de la population en général. Elles devraient plutôt appliquer des politiques qui encouragent l'intégration dans l'économie mondiale tout en mettant en place des mesures pour aider ceux qui sont gravement touchés par les mutations. Il serait plus avantageux pour l'économie dans son ensemble de prendre des mesures qui favorisent la mondialisation en stimulant l'ouverture de l'économie et qui, en même temps, s'attaquent sérieusement à la question du partage des bienfaits de cette ouverture. Les autorités devraient privilégier deux domaines importants :
• L'éducation et la formation professionnelle, afin que les travailleurs puissent avoir la chance d'acquérir les compétences nécessaires dans une économie en constante mutation;
• Une protection sociale bien ciblée pour aider ceux qui perdent leur emploi." (19)

13. A cela il faut opposer cette réplique de Jacques Sapir : "Je crois que derrière le libre-échange, il y a deux débats, extrêmement importants. Il y a un premier débat général qui consiste à dire que fondamentalement l’abandon de tout obstacle à la circulation des biens et des capitaux engendre toujours et partout des situations qui sont favorables au plus grand nombre. Ce qui est faux. Les économistes le savent : ce n’est juste que dans conditions extraordinairement restrictives qui ne s’appliquent pas au monde réel. Nous savons que d’un point de vue général l’idée qui consiste à dire le libre échange est toujours et partout la meilleure des solutions n’est pas validée par nos connaissances en économie.
Après, il y a un deuxième débat, que je dirais plus contextualisé, qui consiste à se poser la question suivante : « Concernant deux ou un certain groupe de pays dont les caractéristiques économiques sont tout à fait semblables, qui ont des législations sociales et écologiques semblables, est-ce qu’il ne faut pas désarmer les protections tarifaires ? Est-ce que dans ce cas l’élargissement de la taille du marché n’est pas souhaitable ? ». C’est quelque chose qui se discute au cas par cas, il n’y a pas de lois générales. Quelquefois, c’est vrai, il vaut mieux effectivement procéder à un désarmement douanier tarifaire, mais il y a des cas où, malheureusement, ça ne s’applique pas." (20)
C'est cette analyse pertinente que vient appuyer le récent rapport de la CNUCED (21) selon lequel : "La CNUCED engage les gouvernements à faire montre de volontarisme dans leurs politiques macroéconomiques et industrielles pour doper l’investissement privé et le progrès technologique et stimuler la dynamique des marchés: ce sont des décisions risquées et innovantes, propices à l’esprit d’entreprise, qui se traduisent par de nouvelles gammes de production et la création d'entreprises et d'emplois. Les gouvernements devraient également protéger, s’il y a lieu, les entreprises naissantes, notamment en recourant avec circonspection aux subventions et aux droits de douane."

Pour résumer : il faut se dire que le travail ne dépend pas de la volonté de travailler plus longtemps mais de commandes et de débouchés liés au pouvoir d'achat intérieur et aux opportunités commerciales ; que selon la loi de l'offre et de la demande, chère aux laudateurs du tout-marché, dans un contexte de dérégulation des prix : plus d'offres d'heures de travail sur le "marché" tend à faire baisser son prix et travailler plus longtemps fait automatiquement gagner moins.

En guise de conclusion je me contenterai de citer Platon qui décrit déjà, vers 380 av. JC, le danger que fait peser le démagogue sur la paix publique :
"Dans les premiers jours, il sourit et fait bon accueil a tous ceux qu'il rencontre, déclare qu'il n'est pas un tyran, promet beaucoup en particulier et en public, remet des dettes, partage des terres au peuple et à ses favoris, et affecte d'être doux et affable envers tous, n'est ce pas ? [...] Mais quand il est débarrassé de ses ennemis du dehors, en traitant avec les uns, en ruinant les autres, et qu'il est tranquille de ce coté, il commence toujours par susciter des guerres, pour que le peuple ait besoin d'un chef. [...] Et aussi pour que les citoyens, appauvris par les impôts, soient obligés de songer à leurs besoins quotidiens, et conspirent moins contre lui. [...] Et si certains ont l'esprit trop libre pour lui permettre de commander, il trouve dans la guerre, je pense, un prétexte de les perdre, en les livrant aux coups de l'ennemi. Pour toutes ces raisons il est inévitable qu'un tyran fomente toujours la guerre. [...] Et n'arrive t'il pas que parmi ceux qui ont contribué à son élévation, et qui ont de l'influence, plusieurs parlent librement soit devant lui, soit entre eux, et critiquent ce qui se passe - du moins pour les plus courageux ? Il faut donc que le tyran s'en défasse, s'il veut rester le maître, et qu'il en vienne à ne laisser, parmi ses amis comme parmi ses ennemis, aucun homme de quelque valeur. [...]
D'un oeil pénétrant il doit discerner ceux qui ont du courage, de la grandeur d'âme, de la prudence, des richesses ; et tel est son bonheur qu'il est réduit, bon gré, mal gré, à leur faire la guerre à tous, et à leur tendre des pièges jusqu'à ce qu'il en ait purgé l'Etat. - Belle manière de le purger ! Oui, dis-je, elle est à l'opposée de celle qu'emploient les médecins pour purger le corps ; ceux-ci en effet font disparaître ce qu'il y a de mauvais et laissent ce qu'il y a de bon : lui fait le contraire." (22)


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(1) http://cluaran.free.fr/dette.html
(2) http://democratie-directe.blogspot.com/2007/02/dette-externe-en-france-vu-par-la-cia.html
(3) http://www.humanite.fr/journal/2004-04-13/2004-04-13-391824
(4) http://www.dsk2007.net/Le-mythe-du-tresor-cache.html
(5) http://www.leblogfinance.com/2006/03/fallaitil_vendr.html
(6) http://www.leblogfinance.com/2006/04/rions_jaune_ave.html
(7) http://www.gold.org/value/reserve_asset/gold_as/background.html
(8) http://www.lesechos.fr/info/france/4562537.htm
(9) http://hebdo.nouvelobs.com/p2211/articles/a336789.html
(10) http://www.contrecourant.org/article.php?id=118
(11) http://www.lemonde.fr/web/articleinteractif/0,41-0@2-823448,49-889628@45-3275@51-823374,0.html
(12) Extrait du discours de Nicolas Sarkozy à Douai. 26/03/2006.
http://www.u-m-p.org/site/index.php/ump/s_informer/discours/nicolas_sarkozy_pour_une_france_plus_juste_douai_lundi_27_mars_2006
(13) (source : l'interview de Nicolas Sarkozy dans l'emission « A vous de juger » sur France 2. 30/11/2006)
(14) http://www.alternatives-economiques.fr/site/images_site/imageparnumero/hs72gr003.pdf
(15) Denis Clerc http://www.alternatives-economiques.fr/site/hs72_003_35heures.html
(16) Vincent Champain http://www.telos-eu.com/2007/03/voter_sarkozy_une_reponse_a_ol.php
(17) http://www.contrecourant.org/article.php?id=101
(18) 16 novembre sur le plateau de l'émission politique de France 2 avec Arlette Chabot "A vous de juger" http://programmes.france2.fr/a-vous-de-juger/25903764-fr.php
(19) http://www.imf.org/external/np/exr/ib/2000/fra/041200f.htm#X
(20) http://dsedh.free.fr/transcriptions/Sapir153.htm
(21) CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES POUR LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT
(22) Platon La République 566, 567

De la demagogie à la tyrannie : la doctrine Sarkozy (2)

Introduction

En démocratie le débat public est nécessaire.
Lorsqu'une décision doit être prise concernant les affaires, lorsqu'une voie nouvelle doit être ouverte dans le processus de l'expérience sociale : une délibération éclairée et un large consentement permet un engagement et une action raisonnable car conforme à un intérêt commun bien compris.

Or le point faible de l'institution démocratique réside dans sa force même : la liberté d'expression.
Tant que le discours reste sincère et désintéressé, il peut utilement servir à la communauté et l'aider dans ses choix. Mais au contraire en devenant mensonger et manipulateur, il ne peut que lui nuire.
Dés qu'un homme politique se fait l'avocat de causes particulières, voir utilise ces causes privées pour satisfaire l'ambition personnelle d'accéder au pouvoir, en devenant l'ami de quelque uns et par eux le serviteur de sa propre cause : il devient l'ennemi de chacun et de tous.
Sous prétexte de servir la communauté, il réussit subtilement à mettre la communauté à son propre service et il lui est facile ensuite de susciter les troubles et les peurs pour se poser ensuite - par la promulgation de lois d'exception, de mesures iniques et oppressives - en protecteur !

N'est-il pas du devoir des citoyens avertis d'exprimer publiquement leur opinion, de dénoncer et d'écarter les discours les plus dangereux pour la Nation ?
Aujourd'hui nous sommes en mesure de démontrer avec des arguments sérieux et vérifiables que le contenu de ce que nous désignons comme "la doctrine Sarkozy", tant dans ses préjugés que dans les aberrations proposées sur le plan pratique, constitue une anthologie de la démagogie : la route la plus directe vers la guerre civile et la servitude de la France.

Certes, il parait fastidieux au premier abord de relever les aberrations d'un discours politique aussi profus que confus tant M. Nicolas Sarkozy semble s'attacher à occuper le centre du débat public, à multiplier les déclarations les plus irréfléchies et les initiatives les plus inconséquentes.
Mais quelques tendances se détachent nettement et permettent de définir dans cette nouvelle doctrine politique ce qui tient des préjugés d'un milieu culturellement sous-développé, de ce qui se traduit dans les projets décousus d'une sorte d'aventurisme néo-libéral, d'un nouveau despotisme sans l'éclair de la lucidité ni les lumières de la raison.

Les préjugés

Dans ce chapitre nous tenterons donc d'ouvrir des pistes, d'offrir des éléments de compréhension de ce qui forme la trame ; ces influences néfastes voir démoniaques, ces lubies ou "opinions fausses et présomptueuses" (2) qui sous-tendent la "doctrine Sarkozy".

Au premier plan de ces préjugés il faut évoquer ce qui tient des origines culturelles.

Issu de cette aristocratie hongroise, véritable machine de guerre de la Maison d'Autriche (3), responsable des principaux conflits européens jusqu'à son abolition en 1918, le doctrinaire sera certainement marqué par la haine de la France et des idées nouvelles des philosophes et affecté par le système de Metternich qui ne conçoit ni le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ni n'admet le droit de résistance contre l'oppression, contre l'arbitraire administratif ou policier. L'Etat est ici avant tout le domaine réservé et intouchable de quelques puissantes familles et l'instrument de défense de privilèges. Mais rarement, voir jamais, redevable devant les citoyens du respect de leur droits et garant du consensus général autour du contrat social et de la Loi. Ici le modèle politique de référence n'est que l'expression la plus pure du despotisme absolu, de l'oppression naturelle des plus forts sur les plus faibles.

Des lors on comprend mieux comment, devenu membre du Barreau après quelques études de Droit, l'individu parle couramment de "droit-de-l'hommisme" pour manifester son mépris des sociétés de défense des droits humains fondamentaux, qu'il se permet régulièrement et avec une jubilation évidente des propos jugés inacceptables par les principaux syndicats de la Magistrature, qu'il se comporte en juge suprême en condamnant en public des suspects qui attendent depuis des années un jugement équitable, qu'il propose avec une constance qui touche l'obsession de nouvelles lois réductrices des libertés en offrant toujours de nouvelles opportunités pour étendre les prérogatives de la police, qu'il ose réduire constamment le principe de séparation des pouvoir et le rôle de la démocratie directe dans l'expression libre de la volonté générale au sujet des affaires de gouvernement : cette volonté de faire voter un nouveau traité européen par le Parlement en fait foi.

Mais ce qui semble l'enrager par-dessus tout ce sont ces actes de résistance quotidienne des citoyens : ces humbles français qui osent fournir un repas ou un toit à des réfugiés loin de chez eux, ces citoyens qui manifestent leur opposition au cours de l'arrestation arbitraire et l'expulsion de pacifiques étrangers, ces révoltes de jeunes qui explosent devant les corps mutilés de leurs camarades et les justifications les plus spécieuses des bavures policières.
Comme nous l'avons vu, ce droit de résistance à l'oppression ; inscrit au fronton de toutes les républiques ; fondateur du gouvernement du peuple par lui-même et d'une société plus juste, plus humaine : semble appartenir dans ce système de l'ordre de l'impensable, voir du sacrilège !

Ce rejet de l'héritage du siècle des Lumières et des idéaux humaniste de la révolution française, ce triomphe de la raison sur l'ignorance, traduit l'arriération culturelle d'une civilisation qui n'a connu ni les pages glorieuses de la République romaine et ses Cicéron qui ont compris que le juste était aussi le plus utile, ni les émotions parfaites des patriotes à l'annonce des victoires miraculeuses de la France contre l'Empire germanique, les prédateurs Anglo-Saxons et les séditieux de l'intérieur qui ont cherché sa ruine, ni les merveilleuses découvertes en Orient et Outre-mer, ni les trésors de la littérature, la science mathématique, les inventions diverses et variées qui ont surprit le monde et donné la fierté légitime "d'être français".

La conséquence d'un tel handicap intellectuel se traduit sur le plan des alternatives proposées. Il n'est nulle part question de faire confiance au génie français, à une méthodologie scientifique, pragmatique pour la recherche patiente de solutions adaptées et appliquées par le moyen d'un large consensus. Mais "il faut", "il suffit de" bassement copier, suivre tel ou tel modèle et d'en imposer les solutions tronquées - c'est à dire sans considération du contexte ou de la validité du propos au vu des perspectives et circonstances réelles - par la ruse ou de force. On voit ainsi dans le corpus sarkosien apparaître et disparaître des références idéales : l'Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, Israël, etc. au gré de tours d'illusionnisme dont beaucoup sont les dupes.

A vrai dire la plupart des tours de magie, des remèdes-miracles avancés dans la doctrine Sarkozy semblent être tirés des déclarations à l'emporte-pièce dupliquées à volonté dans les rapports du FMI et de la Banque mondiale. Des déclarations confuses, des mesures hypothétiques martelées par les médias au titre de la "pédagogie" mais dont l'efficacité réelle en terme de développement et de prospérité nationale n'est vérifiée nulle part mais qui sont contestées partout par les économistes et les chercheurs les plus attentifs.

Mais le doctrinaire est sourd à toutes critiques, surtout aux plus constructives puisqu'il peut plus facilement stigmatiser et dénigrer les autres.
Pour faciliter l'effet de suivisme qu'il cherche à provoquer autour de lui, il lui faut des slogans faciles à dire et répéter. Foin des analyses systémiques, des tableaux synoptiques, des études complexes de mécanismes complexes : il lui faut des formules simplistes, des constats superficiels, des amalgames absurdes, des mots clés répétés à l'envie suivant la capacité moyenne d'entendement d'un large public qui doit entendre ce qui le flatte et qui le berce dans des certitudes confuses. Pour cela il suffit d'offrir un écho amplifié des opinions les plus courantes, voir de dire quelques vérités mais surtout : sans pour autant que les principes entraînent des conséquences, sans que les promesses soient suivies d'effet... C'est là tout le secret du succès.

Puisque l'effet recherché n'est pas d'agir en fonction des principes les plus justes, ni de répondre aux besoins du plus grand nombre, mais seulement de flatter les sentiments les plus grossiers, d'offrir à tous le miroir des ambitions personnelles et égoïstes, de satisfaire le fantasme de la foule d'être artisan de son propre bonheur, de sa propre libération... Mais a une seule petite condition nécessaire et suffisante : qui est d'offrir a son héro populaire, son protecteur fidèle, son vaillant chevalier, une chose indispensable et pourtant presque une simple formalité ... il s'agit seulement des pleins pouvoirs, du pouvoir politique suprême !

Oui il s'agit simplement de remettre les pleins pouvoirs en échange d'un show médiatique, de promesses faites en l'air et impossible à tenir tant elles sont nombreuses, contradictoires et terriblement coûteuses.
Mais qu'importe le doctrinaire parait sûr de lui et tellement énergique... A tel point qu'il semble parfois plutôt agité et fébrile, certainement velléitaire, plus que vraiment volontaire... Mais qu'importe !

Pourquoi ne pas le jouer ce coup de dés, tenter une partie de "roulette russe" avec ce personnage dont la rigueur morale ne semble pas dépasser celle de ses amis politiques, les Chirac, les Balladur et les Pasqua ? Avec lesquels il semble avoir tout appris sur la politique spectacle à l'américaine et la paralysie de la Justice pour permettre par la corruption de ménager quelques intérêts personnels, en même temps que ceux de gros promoteurs immobiliers et autres nouveaux féodaux de la presse, de l'industrie et de la finance ?

Le médiocre n'aurait t'il pas, lui aussi, le droit de réussir et d'écraser ceux qui subissent son influence ?
Une influence malheureuse qui se manifeste surtout par ces projets hasardeux et incohérents dont il serait intéressant de dévoiler toute l'absurdité.

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suite du propos : De la démagogie à la tyrannie : la doctrine Sarkozy
(3) - Des projets décousus

04 mars 2007

Le FMI et la Mondialisation : La fin du projet humaniste dans l'Economie politique ?

Des l'origine basé sur les principes de la coopération internationale pour relever les défis du développement à nos jours selon le nouveau credo de la concurrence des marchés spéculatifs : comment expliquer l'échec moral et la subordination aux intérêts financiers de l'autorité internationale ? Quel est le plan d'organisation financière qui aurait évité l'effondrement dans la crise néo-libérale ?

Introduction

"Durant les années 1930, les grandes économies du monde se sont trouvées aux prises avec des taux de change instables et des politiques commerciales restrictives. Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, les économies européennes durement touchées ont nécessité une forte injection de fonds provenant de l’extérieur pour les aider dans leurs activités de reconstruction et de développement. La coopération internationale s’imposait d’urgence pour relever ces défis." (1)

Or nous verrons comment par le glissement sur le régime monétaire et l'adoption du système de "spéculation régulative", nous sommes passés de la politique de coopération internationale à la situation de guerre économique. Quelles sont les réformes à mettre en place et les nouvelles perspectives économiques ?

Origines et fonctionnement du FMI

"Les accords de Bretton Woods furent signés le 22 juillet 1944 au Mount Washington Hotel, à Bretton Woods, suite à trois semaines de débats entre 730 délégués représentant l’ensemble des 44 nations Alliées. Ils ont dessiné les grandes lignes du système financier international de l'après-guerre. Leur objectif principal fut de mettre en place les bases de la politique monétaire mondiale et de favoriser la reconstruction et le développement économique des pays touchés par la Seconde Guerre mondiale.

Ils furent principalement préparés par John Maynard Keynes, qui dirigeait la délégation britannique, et Harry Dexter White, assistant au secrétaire au Trésor américain. La France y était représentée par Pierre Mendès France; il y avait aussi un observateur soviétique. Le plan Keynes fut ébauché dès 1941, et préparait un véritable système monétaire mondial (le bancor). La partie américaine, construite à partir de 1942, proposait plutôt de créer un fonds de stabilisation, construit sur les dépôts des États membres, et une banque de reconstruction pour l'après guerre."(2)

Ce "fonds de stabilisation monétaire" ou Fonds monétaire international (FMI) est donc créé afin de promouvoir la coopération monétaire à l’échelle internationale, de favoriser la stabilité des taux de change et de fournir une aide financière temporaire aux pays membres ayant de la difficulté à équilibrer leur balance des paiements.

Aujourd’hui, 184 pays sont membres du FMI. Chaque pays membre est représenté par un gouverneur au sein du Conseil des gouverneurs du FMI, qui prend les grandes décisions de l’organisme; dans la plupart des cas, plusieurs pays sont représentés par un même gouverneur. Le FMI est dirigé par un directeur général qui préside le Conseil des gouverneurs.

Chaque pays membre s’engage à verser au FMI, aux fins de la création d’un fonds commun, une souscription égale à sa quote‑part, laquelle détermine également son droit de vote. La quote‑part est fondée sur l’importance sur les plans économique et politique du pays dans le système commercial et financier international.

Ces quotes‑parts fournissent au FMI les ressources financières dont il a besoin pour venir en aide aux pays membres, et un pays membre peut emprunter, sous quelques contraintes, jusqu’à concurrence de la limite de la première tranche (les premiers 25 %) de sa quote‑part. Pour contracter un emprunt sur la valeur d’autres tranches, un pays doit satisfaire à d’autres conditions.

Pendant les 30 premières années de son existence ou presque, le FMI s’est préoccupé surtout de maintenir un système de taux de change fixe appelé le système des parités. Dans le cadre de ce système, les États‑Unis ont convenu de fixer le prix de l’or à 35 $US l’once. Les taux de change des devises des pays membres pouvaient être rajustés en fonction du dollar américain et dans des fourchettes déterminées.

L'abandon de Bretton-Woods

Au début des années 1970, le système de taux de change fixe de Bretton Woods, qui s’est révélé irréalisable pour des raisons politiques et économiques, a été remplacé par un système de taux de change flottant.

Les architectes de Bretton Woods avaient pour but premier d’assurer la stabilité des taux de change.
Le nouveau système donne une place prépondérante au dollar, et les autres monnaies voient leur cours indexé sur lui. C'est le système de l'étalon change-or ou Gold Exchange Standard. Seul le dollar était une monnaie suffisamment forte pour satisfaire la demande internationale croissante en liquidités. La force de l’économie américaine, le taux fixe du dollar par rapport à l’or (35$ l’once) et le fait que ce taux soit garanti par le gouvernement américain rendaient le dollar aussi attractif que l’or. En réalité il était même plus attractif car il produisait des intérêts et était plus flexible d’utilisation que l’or.
Les réserves des Banques Centrales doivent alors être constituées de devises et non plus d'or (En fait, il est théoriquement possible de gager une monnaie nationale sur l'or, mais seuls les États-Unis peuvent se le permettre. La tentative en ce sens de la Grande Bretagne a été un échec.).

Cependant, le système de l’étalon-or reposant sur des taux figés n’apparaissait plus adapté aux exigences de l’économie moderne. De plus la production mondiale d’or ne permettait plus de faire face aux besoins de l'économie liés à la croissance du commerce et de l’investissement.

"Dans L'or et la crise du dollar (1960), Robert Triffin note que le système de Bretton Woods induit que les États-Unis aient une balance des paiements déficitaire afin d'alimenter le monde en moyens de paiements internationaux. Toutefois, ce phénomène a un autre effet : il contribue à un affaiblissement progressif de la confiance des étrangers dans le dollar. Ainsi, les besoins importants de l'économie mondiale en une devise fiable, le dollar, contribuent paradoxalement à la perte de confiance en la fiabilité de cette monnaie." (2)

Une critique formulée à l’encontre du système mis en place par ces accords qui porte sur le fait qu’aucun contrôle n’avait été instauré sur la quantité de dollars émis, ce qui permettait aux Etats-Unis de faire tourner la planche à billets et ainsi de s’enrichir sur le dos du reste du monde obligé de subir l’inflation résultante.

Le 15 août 1971, Nixon abolit de fait la convertibilité du dollar, mettant ainsi fin aux différentes formes d'étalon-or. Les États-Unis, ne pouvant plus maintenir le prix de l'or à 35 dollars l'once ni éviter une dévaluation du dollar.

La contrebande du Dollar

L'érosion de la valeur du dollars US n'est pas étrangère a un trafic international illégal sur cette devise. La monnaie britannique qui avait été utilisée avant guerre pour seconder l’or, ne remplissait plus ce rôle, mais la City de Londres va redevenir la première place financière du monde, du fait de la convergence de plusieurs facteurs :

1. Des dollars sont utilisés en monnaie palpable (dollars papiers) par les firmes américaines investissant surtout dans l'Europe d'après-guerre ;

2. Une partie des réserves d’or mondiales était détenue par l’Union Soviétique qui ne participerait pas à un système capitaliste de régulation des changes. Dans les années 50, la place anglaise est favorisée par les autorités soviétiques comme lieu de dépôt de leurs avoirs en dollars, par crainte de voir ceux-ci bloqués si elles les confiaient à des banques américaines ;

3. Aux Etats-Unis La Regulation Q plafonne le taux de rémunération des dépôts bancaires à terme. N'étant pas conçue pour un univers inflationniste, elle a causé des déséquilibres importants dans le système financier américain dans les années 1960 et 1970 ;
4. Les agents financiers de la City ont eux-mêmes préparés leur revanche sur la domination de Wall Street et surtout sur la réglementation financière inter-étatique. Dans « L'Etat, la City et l'euromarché » : comment l'oligarchie a créé la bulle financière" Gary Burne, de l'université du Sussex ecrit :
"la création du marché de l'Eurodollar dans la City à la fin des années 50 a été la conséquence directe de la détermination de l'élite financière britannique à rétablir un ordre de régulation qui soit largement indépendant de l'Etat. Car le contrôle de l'activité bancaire, initialement introduit par les demandes d'une banque privée [la Banque d'Angleterre] sous les ordres d'une élite à la City, était demeurée jusqu'à la crise de 1931 l'affaire privée de la Banque d'Angleterre et de la communauté bancaire des marchands de la City, ne relevant pas du domaine public, au parlement ou au gouvernement. Cela dit, l'effondrement du gold standard et de l'ordre financier international, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale qui mit le pays sur un pied de guerre financier, amena la Banque et la City sous le contrôle croissant du gouvernement, qui devait inévitablement se conclure par la nationalisation de la Banque en 1946."

« Il est généralement admis que l'année 1957 a vu l'apparition d'un nouveau marché international de l'argent à la City de Londres, le
marché de l'eurodollar, qui a marqué le début d'un tournant fondamental dans les relations financières internationales ; d'une
période orientée vers la perpétuation de différents régimes nationaux distincts d'accumulation, au sein d'un système qui était
presque entièrement régulé, à la période actuelle caractérisée par l'adaptation aux demandes de la spéculation globale avec un
système déréglementé pour l'essentiel (...) rétablissant l'hégémonie du marché financier international sur la souveraineté
économiques des Etats et minant dans ce processus leur capacité à gouverner.
« Le marché naissant des eurodollars en 1957 est la pierre angulaire du système financier international actuel ; il marque le commencement du retour à l'ordre libéral international du laisser-faire, entre les mains de banques privées et de banques centrales, qui s'était effondré dans l'ignominie en 1931 (.) Ainsi, avant même que ne soit effectivement opérationnel le système de Bretton Woods (1958), créé avec l'intention explicite de prévenir une réédition de 1931 en appelant au contrôle de tous les mouvements de capitaux internationaux afin de stopper l'étranglement du commerce international par les flux financiers spéculatifs, son esprit même était déjà détourné par les événements intervenus à la City. Le capital financier, subordonné au capital productif comme il l'était dans les débuts de l'après-guerre (...) était finalement libre à nouveau. "

"La Banque avait trouvé en Montagu Norman la personne idéale pour conduire la City dans ce qui était tout d'abord une bataille
idéologique. Il croyait en la primauté des marchés et son idée force, selon Emile Moreau (gouverneur de la Banque de France, 1926-30),
était que la stabilité dans les relations internationales ne pouvait être assurée que si les banques centrales parvenaient à "sortir les
problèmes économiques du champ politique". Le fait pour l'Angleterre d'être dans le gold standard, avant que n'éclate la Guerre de 14,
assurait que la politique monétaire restait hors du contrôle gouvernemental et ainsi techniquement "en dehors du politique". (3)

Ces dollars investis hors des Etats-Unis ou eurodollars sont utilisés par les banques non-américaines. "Ils sont négociés à des taux légèrement inférieurs aux taux du marché et cette aubaine a le don d'attirer les banques internationales qui les négocient progressivement en monnaie impalpable (dollars scripturaux).
Les eurodollars se multiplient alors mécaniquement (effet multiplicateur du crédit) par le jeu de prêts en chaîne entre banques du Nord (Société Générale, Crédit Lyonnais, Bank of America, etc.). Ce mécanisme est au départ développé dans le plus grand secret. Personne ne s'émeut de cette multiplication de dollars apatrides.
Au milieu des années 60 débute le développement des euro-obligations, c'est-à-dire des prêts octroyés par les banques en eurodollars, le tout en dehors de tout contrôle étatique : il s'agit d'un marché parallèle libre de toute règle.

Les eurodollars croissent alors de manière exponentielle et le phénomène débouche sur la "surliquidité" des banques. Ayant accumulé les dépôts en eurodollars sans trouver suffisamment d'emprunteurs, les banques du Nord vont alors prêter leurs surplus à des taux d'intérêt réels faibles, voire négatifs, aux pays du Tiers Monde." (a)


La mutation néo-libérale du FMI


Réuni à Kingston en Jamaïque, pays membre du Commonwealth depuis son indépendance en 1962, les 7 et 8 janvier 1976, le Comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI) adopte des accords qui mettent un terme définitif au système monétaire de parités fixes mais ajustables. Il ne s'agit en fait que d'une régularisation, les monnaies étant flottantes depuis le 19 mars 1973.

Les accords de la Jamaïque s'appuient sur trois dispositions essentielles:
- l'abandon du système des taux de changes fixes et la légalisation du nouveau système : le régime des changes flottants
- rôle de surveillance attribué au FMI
- suspension de toute référence au Dollar et à l'or au sein du Système monétaire international et place prépondérante accordée aux droits de tirage spéciaux (DTS). Il s'agit d'une monnaie fictive ou plutôt d'un panier de monnaies telles que la Livre, le Dollar, et le Yen. (A titre d'information la Banque centrale européenne garde 40 millions d'euro en réserve dont 15% en or et 85% en dollars et en yens).

Le régime de change flottant est un système permettant de donner une valeur à la monnaie. Pour ce faire on ne se base pas sur une valeur étalon, il n'existe pas de parité officielle entre des monnaies. Le taux de change d'une monnaie varie librement sur le marché des changes en fonction de l'offre et de la demande pour cette monnaie. Le taux de change varie donc en principe selon la quantité de crédit émise par chaque pays. Une politique monétaire laxiste est « punie » par une baisse de la valeur de la monnaie locale par rapport aux autres devises.
Sur le plan national il n'y a plus de contrepartie métallique à la monnaie émise, seulement de la dette auprès des institutions financières. (4)

La soumission aux exigences de la finance spéculative

Le rôle de surveillance de la politique économique nationale par le FMI vient appuyer les nouvelles prétentions des pourvoyeurs de crédit.

"Par exemple, avant de consentir un prêt sur la valeur d’une deuxième ou d’une troisième tranche, le FMI peut s’entendre avec le pays membre sur un programme visant à maintenir son déficit budgétaire en deçà d’un certain pourcentage de son produit intérieur brut, ou à éliminer les obstacles à l’investissement à l’étranger."

Ici les conditions posées par le FMI en terme d'orthodoxie financière dans la gestion de la dépense publique et le conditionnement à des mesures de désengagement de l'état du secteur privé paraissent systématiquement favorable aux investissements étrangers par le maintien d'une parité élevé de la monnaie, la diminution des prélèvements fiscaux, la vente des secteurs économiques rentables à des intérêts privés, la déréglementation tarifaire pour les marchandises importées et la libre circulation des capitaux. Mais est-ce réellement les mesures nécessaires au développement économique du pays ?

Ces conditions qui paraissent tantôt utiles, tantôt contestables vont transformer le FMI en une machine infernale pour les économies du Tiers-monde.

Ainsi : "Dans la seconde moitié des années 70, les deux chocs pétroliers entraînent le développement des pétrodollars (les dollars issus du pétrole), venant s'ajouter aux eurodollars dans les caisses de banques de plus en plus "surliquides".

Alors que la crise au Nord se généralise et que les débouchés se contractent dangereusement, le recyclage des eurodollars et des pétrodollars des banques du Nord vers le Tiers Monde prend des proportions démesurées. Entre 1970 et 1980, le montant de la dette du Tiers Monde contractée auprès des banques internationales est multipliée par 33, alors que la dette contractée auprès des Etats et des institutions financières multilatérales (souvent pour financer les "éléphants blancs" et autres projets "clé sur porte" inadaptés aux besoins locaux et écologiquement destructeurs) n'est multipliée que par 5.
En 1979, les Etats-Unis décident unilatéralement d'augmenter de manière drastique leurs taux d'intérêt. Or, les taux des prêts octroyés au Tiers Monde par les banques "surliquides" étaient variables et directement déterminés par les taux américains. L'augmentation des taux américains aboutit ainsi à une explosion mécanique des remboursements de la dette du Tiers Monde et à la crise d'insolvabilité des années 80." (a)

Nous ne voulons pas ici créer de polémique sur l'origine de la dette du Tiers-monde dont la responsabilité repose aussi sur les autorités nationales. Mais il faut aussi mettre en cause l'activité de prédation financière qui s'est organisée sans que le FMI n'affiche d'autre réaction que symbolique. D'abord dans le laxisme face à la spéculation sur les eurodollards qui contribue à la dévaluation de la monnaie-étalon, ensuite sur l'endettement incontrollé des pays en voie de développement qui semblent avoir été les cibles de stratégie de déstabilisation financière. Enfin sur l'endettement croissant de la plupart des nations industrielles qui ont poursuivi après 1973 une politique fiscale et redistributrice qui n'était possible que dans le cadre de taux de change ajustables et d'une régulation économique stricte sur le plan des flux financiers, des protections tarifaires et des paiements internationaux.

Il faut donc reconnaître ici que le FMI a fait défaut dans toutes ses missions : que ce soit dans le maintien du régime de taux de change fixes de Bretton-Woods qui a permi un remarquable développement économique de 1945 à 1973, dans l'assistance aux pays contributeurs en vue de la stabilité et du développement économique national et enfin dans le cadre du régime des changes flottants en acceptant ce système de création monétaire par les institutions financières en échange de bons du Trésor ; système qui contribue à gonfler artificiellement la dette nationale à mesure du besoin de liquidités et la charge des intérêts a payer par les contribuables au bénéfice des financiers.

Un nouveau système monétaire


Ainsi aux excès des politiques inflationnistes des Etats qui avaient fait de l'émission monétaire un moyen de politique clienteliste répond
les excès d'une spéculation financière, rendue possible avec la complicité des banques centrales et des politiques monétaristes qui ont permis de détourner le droit régalien de création monétaire, dans le but d'organiser une pénurie de la contrepartie monétaire destinée à la production et l'échange des biens par les familles et les entreprises, de manipuler les marchés monétaires et d'augmenter les moyens financiers disponibles pour de nouvelles opérations financières spéculatives.

Dans la confusion de cette mondialisation de l'économie, basée sur la spéculation sur les devises et sur les créances des États, dont les principes fondamentaux concernant l'ouverture douanière et financière n'aboutissent finalement - en passant par l'endettement et la désinflation - qu'à une situation de concurrence et de guerre économique, c'est à dire à l'opposé du projet de coopération économique internationale : il est temps de fixer les objectifs et les moyens d'une réorganisation de l'économie. Une économie qui soit un moyen de développement et de désendettement au service de l'homme et des nations plutôt qu'un asservissement de l'un et une ruine programmée de l'autre.

Face à l'échec évident du système de "régulation spéculative" mis en place avec le régime de changes flottants, il nous faut donc revenir à l'étude du plan Keynes qui a été écarté au profit du projet White lors de la négociation de Bretton-Woods.

"Pour l’après-guerre, Keynes avait imaginé un système où les grandes nations ne seraient pas contraintes de placer le respect d’accords commerciaux au-dessus des objectifs de progrès social, notamment le plein emploi. Il y voyait coexister le libre-échange avec un système de protection généreux assuré par des institutions financières internationales. Celui-ci aurait été caractérisé avant tout par un dispositif d’« ajustement des créances » imposant des sanctions aux pays en excédent commercial, et non aux nations en déficit. Cela aurait contraint les premiers soit à accepter une discrimination à l’encontre de leurs ventes, soit à élargir leurs marchés intérieurs pour absorber plus d’importations. Parallèlement, chaque débiteur aurait eu droit à une ligne de crédit dans un système international de paiement, appuyé sur un mécanisme de compensation et une monnaie de réserve mondiale (le bancor)."

"Un tel ordre était inacceptable pour les États-Unis. Dans un monde dominé comme il l’était alors par la supériorité écrasante de leur industrie manufacturière, l’idéal américain était le laissez-faire économique et l’étalon-or. Un moyen de paiement international qui prenne en compte les intérêts des débiteurs était aussi étranger à la pensée de Wall Street que le serait, pour le commun des mortels, l’idée de confier la direction d’une prison aux détenus. Les dettes contractées devaient être remboursées le lendemain, coûte que coûte. Les finances de l’après-guerre devaient être gérées par les riches. Au bout du compte, les Etats-Unis acceptèrent un FMI et une Banque mondiale sur des bases beaucoup plus traditionnelles que ne l’avait espéré Keynes, malgré quelques concessions." (6)

Sur le plan national il est également nécessaire de restaurer la souveraineté nationale sur la politique monétaire en restaurant le droit d'émission monétaire par une banque nationale. Une institution qui sera responsable de la mise en circulation de la contrepartie monétaire des richesses produites. Et, a cet effet, chargée de superviser les investissements industriels en faveur du développement régional. Ainsi par divers moyens juridiques et techniques, par la Banque centrale qui régule la création monétaire en “encadrant” le crédit et les opérations de change : Les gouvernements doivent imposer la loi aux financiers. (7)

De plus il est souhaitable de mettre en place un système de crédit social. Ceci en plaçant sur des comptes de banques régionales, à la disposition des particuliers et des entreprises détentrices une ligne de crédit en fonction de leur besoin de solvabilité et secteur d'activité. (8)

Ces réformes salutaires nous permettront d'échapper aux affres de la guerre économique et sociale et de la spéculation sur la dette pour renouer avec les objectifs ambitieux et humanistes d'une économie comme moyen d'action au service de l'humanité et du développement durable.

--

(1) http://www.canadianeconomy.gc.ca/francais/economy/1944imf.html
(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods
(3) « L'Etat, la City et l'euromarché » : comment l'oligarchie a créé la bulle financière par Gary Burne
(a) http://users.skynet.be/cadtm/pages/francais/eurodollars.htm
(4) http://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie#Par_les_autorit.C3.A9s_financi.C3.A8res
(5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Sp%C3%A9culation
(6) http://www.monde-diplomatique.fr/2003/05/GALBRAITH/10174
(7) http://economiedistributive.free.fr/spip.php?article975
(8) L'île des naufragés de Louis Even

18 février 2007

Dette Externe en France vu par la CIA.....

On 17 fév, 06:13, AB wrote:
> tijl.uilenspiegel wrote:
> > Ce qui est amusant c'est que ces adeptes du libéralisme s'aperçoivent avec
> > un choc que le capitalisme fonctionne avec des dettes.
>
> Gni? Les *vrais* liberaux sont opposes au gouvernement, alors un
> gouvernement endette...
>

Oui le gouvernement endette. Mais quel gouvernement au juste ?

1. "C'est le déficit budgétaire qui a provoqué l'augmentation de la dette publique en France." (1) Il faut rappeller que ce déficit budgétaire résulte de dépenses publiques non couvertes par des recettes fiscales.
Cette couverture est obligatoire dans certaines constitutions et interdit aux gouvernements de présenter des budgets déséquilibrés où les dépenses ne seraient pas réduites ou couvertes pas des recettes fiscales suplémentaires.

2. De fait en observant le tableau de la dette publique (2) vous constatez que ce sont les gouvernement de "vrais" libéraux ou adoptant des politiques néo-libérale de désarmement tarifaire, libre circulation des capitaux, privatisations, exonérations fiscales, etc. qui sont les champions de la dette.

"En consultant le rapport Pébereau, il est facile de constater que celui-ci a été contenu dans des limites raisonnables de 1981 à 1991 (Présidence Mitterand, tous les premiers ministres, jusqu'à Bérégovoy). Il atteignait alors entre 1,5 % et 2 % du Produit Intérieur Brut.
A partir de 1993, et surtout durant les années 1994 et 1995, le déficit a bondi jusqu'à 6 %, au mieux 5,4 % du PIB. C'était au temps de la première cohabitation, sous le Gouvernement Balladur.
Avec l'arrivée du Gouvernement Jospin en 1997, le déficit a été ramené à 3 %, puis à 1,5 % sur les années 1999, 2000 et 2001.
Avec l'élection de Chirac, sous les Gouvernements Raffarin et Villepin, le déficit est reparti de plus belle à partir de 2003, atteignant 4 % du PIB. Le déficit annoncé de 2006 n'est évidemment du qu'à des artifices comptables dus au tandem Breton/Copé (surtout ce dernier)." (1)

3. C'est ce qui vérifie l'idée selon laquelle le systeme de "mondialisation" néolibérale a besoin de la dette des Etats pour rendre possible la circulation de masses fianancières hors du circuit monétaire d'origine. Les flux financiers "off-shore" ne sont que la contre-partie de la dette nationale et l'accroissement de la dette nationale permet mécaniquement l'augmentation corrélative des masses financières spéculatives.
C'est ce qui permet d'expliquer pourquoi les gouvernements libéraux sont ceux qui laissent délibérément filer le déficit budgétaire et gonfler la dette publique pour alimenter le marché des fonds spéculatifs de leurs amis financiers et autres milliardaires prévoyants.

Il faut d'ailleurs noter l'anomalie suivante : 31% des 8.000 milliards $ de la dette US est détenue par des résidents du Japon, mais le Japon lui même connait le même probleme de dette publique détenue par d'autres non-résidents !

4. On apprend ainsi que le passage du "vrai" libéral Sarkozy au Budget entre 1993 et 1995 laisse ce pitoyable résultat : le triste record du deficit budgétaire de la 5ieme République (ce qui lui vaut certainement le titre mérité de "Mr Deficit").
Selon les chiffres du ministère de l'économie la dette publique est passée de 375 milliards d'Euros en 1993 (45,3% du Pib) à 496 milliards d'Euros en 1995 (54,6% du Pib). (3)
Avec les déficits records de 5,5 % du Pib en 1994 et en 1995

5. Je vous propose de contempler l'évidence fascinante de l'incompétence de nos politiciens (enarques ou non), tous adeptes illuminés de la "mondialisation", sur ce site : http://cluaran.free.fr/dette.html

6. Les laudateurs du libéralisme outre-atlantique pouront tirer quelques informations qui completeront utilement leurs connaissances en consultant ce tableau de l'évolution du montant de la dette nationale US par personne sur : http://mwhodges.home.att.net/debt.htm


Cette dette est relativement stable entre 1945 et 1971 c'est a dire dans toute la période du keynésianisme triomphant et le systeme de Bretton-Wood. Ensuite on passe au-dessus de la barre des 5.000 $ de dette fédérale par personne (1982) au tout début des années du "vrai libéral" Reagan (1981-1989) et on atteint les 20.000 $/personne à la fin de l'administration du "vrai libéral" Bush Sr. On observe une stabilisation a ce niveau sous l'administration démocrate Clinton et une reprise brutale de l'endettement sous les mandats du "vrai libéral" Bush Jr.

Sur ce même site une belle citation de Thomas Jefferson illustre le propos :" Je place l'économie parmi les premières et les plus importantes des vertues républicaines, et la dette publique comme le plus grand des dangers."

Ainsi selon Jefferson il nous faut compter au nombre des ennemis de la République francaise tous les politiciens qui ont contribué a creuser le deficit public par les depenses publiques non couvertes par des recettes fiscales appropriées, les ouvertures commerciales hasardeuses et autres exonérations fiscales permettant ainsi les diverses formes d'évasions monétaires et finalement le pillage et la banqueroute de la Nation.


> Essentiellement un gouvernement rembourse ses dettes par l'impot ou par
> l'emission de monnaie. Les deux sont du vol, un crediteur de l'Etat n'a
> donc legitimement aucun droit a recouvrir sa dette.


Si l'impot est consenti ce n'est pas du vol. Que la volonté générale soit exprimée indirectement par le vote des représentants du Peuple ou directement par le moyen du referendum.

Par contre il est pas sûr que ce qu'on appelle abusivement "l'impot indirect" (Tva, Taxes diverses, etc) soit conscenti si les prélevements sont décidés par le simple moyen d'un décret du Gouvernement.
Puisqu'il n'y a pas dans ce cas de vote des représentants du peuple et donc pas d'expression expresse du conscentement. Au lieu d'appeller ces prélèvements des "impots indirects" il faudrait plutot dire des "Taxes directes". Il s'agirait en fait d'un impot illégal n'étant pas décidé et organisé par une loi mais par une décision arbitraire de l'exécutif.
Faut-il signaler sur le plan historique que c'est ce genre de fantaisie qui a provoqué la révolution anglaise ?


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(1) http://help.berberber.com/forum-politique/19267-la-dette-publique-3.html

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_de_la_France

(3) http://le.pingouin.dechaine.over-blog.com/categorie-1021696.html